Après un beau parcours d’encadrante dans les services à la personne, Céline Godet a repris, en mai 2019, l’agence franchisée Age d’Or Services de Poitiers dont les cédants partaient à la retraite.
Quand vous avez souhaité devenir entrepreneuse, comment avez-vous organisé votre recherche ?
J’ai suivi une formation de deux ans dans une école de commerce d’Angers en 2014-2015. Au cours de ce cycle, et afin de rédiger mon mémoire, j’ai rencontré des dirigeants de structures existantes et j’ai bâti un réseau de contacts, parmi lesquels les personnes dont j’ai repris l’entreprise en mai dernier.
Aviez-vous d’emblée décidé de procéder à une reprise plutôt qu’à une création ?
J’étais plutôt partie pour créer ma propre affaire. Mais dans les services à la personne, c’est compliqué, il faut obtenir par exemple l’agrément du département alors que de nombreuses structures existent déjà. Il faut créer soi-même tous ses outils. Je me suis donc très vite réorientée vers la reprise d’une entité existante.
Avez-vous d’emblée cherché en direction des franchises ?
Je ne cherchais pas forcément une franchise, mais je me suis vite rendu compte que c’était intéressant parce qu’il y a un cadre juridique et que la franchise apporte une certaine solidité. J’en ai rencontré plusieurs dont l’Age d’Or avec laquelle je suis restée en contact après des échanges fructueux. Pour moi, cette enseigne était un gage de sérieux.
« Je connaissais déjà bien les franchisés cédants, leur structure ainsi que le franchiseur »
Comment avez-vous appris que cette agence de Poitiers était à vendre ?
Les cédants (aujourd’hui partis en retraite) me l’ont annoncé fin novembre 2018.
Qu’est-ce qui vous a fait estimer que la reprise de cette agence était intéressante ?
C’était d’abord la seule structure du secteur à reprendre sur la Vienne à ce moment là. Ensuite la relation que j’avais eue avec les cédants depuis 2015 m’a plutôt incitée à me positionner. J’ai donc interrogé le franchiseur qui me connaissait déjà et qui m’a donné son accord pour ma candidature dès janvier 2019. Ça c’est fait assez vite et tout naturellement.
De quelles informations avez-vous disposé (CA, résultats, historique) ?
Oui, je savais que c’était une structure qui fonctionnait bien avec un historique intéressant et un personnel permanent, gage d’une bonne santé financière.
Qu’avez-vous cherché à vérifier avant de vous décider ?
Nous nous sommes mon mari et moi fait aider par notre cabinet juridique et comptable (nous sommes exploitants agricoles depuis plus de 20 ans). Et nous avons pris, bien sûr, une garantie d’actif et de passif puisque nous avons repris des parts sociales.
Le franchiseur vous a-t-il alerté sur certains points ? Vous a-t-il conseillé pour le prix ?
Non. Il m’a alerté sur les points faibles de notre activité (nos clients, les personnes âgées peuvent nous quitter à tout moment), mais pas sur la structure à reprendre.
Comment s’est passé le financement ? A-t-il été facile ?
C’est finalement avec notre banque que nous avons trouvé un accord. J’ai pu emprunté 75 % de mon investissement total. Une autre nous a fait faux bond au dernier moment. Et celle des cédants n’a pas vraiment assuré.
« La période de transition de trois mois m’a été bénéfique »
Pourquoi avoir installé une période de transition de trois mois avec les cédants ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Coûté ?
Cela m’a permis d’avoir une meilleure connaissance de la structure, de laisser le temps aux cédants de dire au revoir aux bénéficiaires et pour moi de les rencontrer. De même pour les salariés. Cela m’a permis aussi de me familiariser avec les outils de la franchise, l’informatique par exemple. Le coût de cet accompagnement a été dès le départ inclus dans le prix global d’acquisition de l’entreprise.
Comment la passation de pouvoir s’est-elle déroulée avec le personnel ? Plusieurs mois après votre reprise, tout se passe-t-il comme prévu ?
Oui. J’ai rencontré individuellement puis ensemble les membres du personnel afin de mieux connaître leur fonctionnement, de mieux comprendre leurs souhaits. Sur les neuf qui travaillaient dans la structure, quatre sont partis : deux à la retraite, une personne en congé maternité a démissionné pour se consacrer à son enfant, un autre a choisi de se rapprocher de son conjoint. Aux cinq qui sont restés, j’ai ajouté trois embauches dont un jardinier et quelqu’un pour le bricolage, deux nouvelles activités pour l’agence.
Par ailleurs, je vais proposer un accord d’entreprise portant sur l’annualisation du temps de travail, afin de permettre à la structure de mieux répondre aux variations de l’activité tout au long de l’année.
Pour votre premier exercice pensez-vous améliorer le CA ? Si oui de combien ? Et la rentabilité ?
Oui, je l’espère. Mais de combien, je ne sais pas. Pour le CA, ce sera grâce au développement d’activités nouvelles. Je pense par exemple au repassage. Pour la rentabilité, tout dépend de l’équilibre à trouver entre l’activité et les charges de personnel. D’où la modulation du temps de travail.
Que conseillez-vous à un futur franchisé qui s’apprête à reprendre une entreprise déjà franchisée, à quoi doit-il faire attention surtout ?
Il faut que la structure à reprendre soit viable financièrement. Il faut se faire accompagner par un cabinet indépendant. Nous avons bénéficié aussi de compétences juridiques dans notre entourage familial. Il ne faut pas oublier la garantie d’actif et de passif. Et faire attention aux charges fixes, qu’elles ne plombent pas le chiffre d’affaires. Nous avons besoin de nos salariés mais pour le moment par exemple je n’ai pas de secrétaire. Je gère seule et je fais appel si nécessaire à des prestataires extérieurs de manière ponctuelle, qui sont payés à l’acte.