Pour survivre à la crise économique provoquée par le COVID 19, « la franchise devra se transformer radicalement » : pour l’auteur, avocat et médiateur, « il faudra revoir en profondeur les relations pour les adapter au nouveau contexte ».
Par Serge Méresse, Avocat et Médiateur
La franchise s’est développée sur des marchés en expansion poussés par une forte consommation. Le modèle économique reposait sur la croissance. La crise économique provoquée par le COVID 19 sera profonde. Pour survivre la franchise devra se transformer radicalement et s’adapter à une économie en récession.
Dans un premier temps il faudra faire l’état des lieux. Le confinement et la fermeture de la quasi-totalité des commerces a brutalement stoppé l’activité des entreprises qui vont être confrontées à de très lourdes difficultés malgré les aides d’état qui ne pourront pas répondre à tous les besoins. Les entreprises fragiles risquent de disparaitre, d’autres voudront arrêter leur activité et d’autres voudront la poursuivre ou en changer. Chaque réseau devra faire l’inventaire de ceux qui restent et de ceux qui sortent en libérant les conditions de sortie.
« Il faudra revoir en profondeur les relations pour les adapter au nouveau contexte »
Dans un second temps il faudra revoir en profondeur les relations pour les adapter au nouveau contexte. Les sujets sont nombreux. Quelques exemples non exhaustifs :
Comment adapter le modèle économique à la baisse des chiffres d’affaires ? Comment aménager le concept et les locaux aux contraintes sanitaires ? Comment gérer les flux de clients en magasins ? Comment vendre sans contacts physiques ? Comment s’adapter à la vente en ligne ? L’offre commerciale ne risque-t-elle pas d’être moins large et moins profonde ? Comment seront assurés les approvisionnements des produits importés ? Faut-il libérer les approvisionnements hors réseau pour achalander les magasins localement avec des produits substituables si besoin ? Comment adapter la masse salariale à la baisse d’activité tout en maintenant le service ? Comment baisser le seuil de rentabilité pour l’adapter aux baisses des chiffres d’affaires et des marges ? Faut-il supprimer toutes les redevances pour privilégier le maintien du magasin et de l’enseigne dans l’intérêt supérieur du réseau ? Comment travailler avec le franchiseur pour négocier avec les banques et les bailleurs une baisse des charges fixes ?
« Il faudra redéfinir le savoir-faire pour l’adapter aux contraintes du post-COVID »
Chaque réseau devra revoir son modèle économique pour l’adapter aux nouvelles contingences.
Tous ces sujets obligeront le franchiseur et les franchisés à se concerter pour redéfinir ensemble et de bonne foi les priorités qui assureront la sauvegarde de l’enseigne et du réseau. Il faudra redéfinir le savoir-faire pour l’adapter aux contraintes du post-COVID. Il faudra redéfinir les droits et obligations de chacun.
Les franchisés et les franchiseurs devront travaillent ensemble pour réécrire les contrats qui devront être adaptés au nouveau contexte.
Les associations de réseau et la médiation auront ici toute leur place.
Ces changements profonds obligent chacun à changer sa façon de penser, de se comporter et d’agir. Les relations verticales d’avant devront céder la place aux relations horizontales parce qu’il faudra mobiliser toutes les énergies, toutes les compétences et tous les moyens pour sauver l’essentiel.
Il me semble souhaitable aussi que les conflits du passé puissent être purgés amiablement rapidement pour reconstruire sur du neuf car le chantier à entreprendre est suffisamment considérable pour ne pas continuer à perdre du temps et de l’argent dans des procédures dépassées par les événements.
Toute crise porte en elle les germes d’un renouveau. Souhaitons que tous les acteurs de la franchise saisissent ces circonstances exceptionnelles pour construire ensemble un nouveau modèle adapté aux temps nouveaux.