“Il y a urgence, l’avenir de l’un des secteurs les plus porteurs de l’économie française est en danger ! Entendez notre cri d’alarme !” C’est dans ces termes, volontairement extrêmes, que les magasins de bricolage ont choisi, par la voix de la fédération qui les représente (Fédération des magasins de bricolage), d’interpeller ce matin, dans la presse, les députés français. En cause : le projet de loi sur la réforme des délais de paiement, que les parlementaires étudient actuellement et qui prévoit de réduire ces délais à 60 jours, au lieu des 90 pratiqués actuellement.
Une réforme jugée “inepte”, voire “dangereuse”, par les professionnels. “Elle a pour principal défaut de mettre toute la distribution française dans le même panier. Or, si la réduction des délais de paiement a certainement sa raison d’être dans d’autres secteurs d’activité, ce n’est absolument pas le cas dans le nôtre”, explique Pascal Malfoy, président de la FMB. Le secteur fait valoir son droit à l’exception, en raison des particularités qui lui sont propres. Notamment, un taux de rotation des produits qui, sur un marché de l’offre et saisonnier, s’établit à 140 jours en moyenne. “Le coût de ces stocks est à ce jour supporté en grande partie par un paiement à 90 jours. Raccourcir ce délai aurait des conséquences lourdes. Cela pourrait même conduire 30 % des magasins indépendants à fermer boutique”, prévient Pascal Malfoy.
Pour l’heure, le projet de loi prévoit une dérogation de 2 ans pour les magasins de bricolage. “Insuffisant”, juge le représentant. “La filière demande l’adoption d’une loi prévoyant la signature d’un accord interprofessionnel dérogatoire sans limite de durée”, poursuit-il. Interprofessionnel ? Oui, car aussi étonnant que cela puisse paraître, leurs fournisseurs soutiennent l’action des enseignes. “Nous voyons, nous aussi, dans ce projet de loi, beaucoup d’effets pervers”, indique ainsi Gilles Caille, président d’Unibal (Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l’aménagement du logement). “Il y a notamment le risque d’un mouvement de déréférencement, total ou partiel, au profit de produits à rotation rapide. Sans compter que la réduction des délais de paiement ne peut que renforcer la tentation pour nos distributeurs d’aller faire leurs courses en Chine, où les délais de paiement sont proches de ceux proposés dans le projet de loi.” C’est donc unie que la filière bricolage s’adresse aux députés. L’avenir nous dira si elle a été entendue.
Voir aussi l’interview de Claire beauvais, Secrétaire Générale de la FMB.