Déjà en repli sur 2012 et 2013, le marché français du meuble a encore perdu 2,5 %, au premier semestre 2014. Fabricants et distributeurs du secteur en appellent à la mise en œuvre rapide de mesure de soutien par le gouvernement.
Au premier semestre 2014, les ventes de meubles ont encore baissé en France de 2,5 % à valeur et surfaces évolutives (et de 4,5 à 5 % à périmètre constant). Une situation « très difficile », a commenté Didier Baumgarten, président de la fédération du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison (FNAEM). D’autant qu’elle se dégrade de mois en mois : le marché devrait finir l’année en recul de 3 voire de 4 %, Comme en 2013 où il avait péniblement atteint les 9,27 milliards d’euros, c'est-à-dire en-dessous de son niveau de… 1990 !
« Bien durable et différable, le meuble est bien souvent celui qui subit les arbitrages des ménages », a rappelé Didier Baumgarten. Avec la crise, il est franchement tombé dans « le creux de la vague », a-t-il ajouté. Faisant de fait des dégâts parmi les adhérents de la Fnaem (38 enseignes, représentant 2 700 points de vente et 80 % de parts de marché) qui auraient, depuis l’année dernière, perdu en tout environ « 5 % de magasins ». Quand il ne les a pas poussé jusqu’au bord du précipice, à l’image du groupe Mobilier Européen, obligé de liquider depuis quelques jours les stocks d'une partie des points de vente de son réseau emblématique Fly pour se renflouer, en attendant un éventuel repreneur.
Comme en 2012 et 2013, c’est la literie qui résiste le mieux, notamment grâce à l’amélioration du taux de renouvellement de leurs matelas par les Français. Mais avec un bémol, pointé par le Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement). Sa croissance se fait « au prix d’une animation extrêmement musclée, avec des taux de remise permanents de 30 à 40 % », pas de nature à valoriser le marché en somme. En franchise, Maison de la Literie, le leader, poursuit lui plutôt sereinement son développement.
La cuisine flotte, le meuble meublant plonge
La salle de bains reste en retrait, même si, note l’observateur, elle « revient, peu à peu, dans les rayons des distributeurs », qui l’avaient un temps négligée. Banquettes et canapés tiennent bon. En revanche, le meuble meublant (comodes, dressings, armoires…) plonge. La cuisine, également pénalisée par la forte chute des mises en chantiers de logements neufs, s’en sort toutefois mieux, juste sous la ligne de flottaison.
« Quelques raisons d’espérer subsistent », note malgré tout Didier Baumgarten. Et d’évoquer la « légère reprise des exportations françaises de meubles (+2%) » en 2013. « Elle résulte notamment des efforts accrus engagés par les industriels français pour rechercher de nouveaux marchés, et des distributeurs pour les y accompagner ». Conforama en Europe, Ligne Roset aux Etats-Unis, Roche-Bobois en Colombie, Gautier au Qatar ou en Mongolie : les grands réseaux, qui n’hésitent plus à voir loin, montrent la voie.
La filière meuble ainsi fragilisée a fait savoir ce matin qu’elle appelait le gouvernement à mettre en œuvre plusieurs actions concrètes et rapides de soutien. « Nous réclamons, à l’instar de ce qui se fait avec de bons résultats en Italie depuis 2013, la mise en place d’une réduction d’impôts pour l’achat de meubles neufs. Ainsi que l’autorisation temporaire de casser son Plan Epargne Logement (PEL) pour réaliser ces achats », indique le président de la Fnaem en direction de Bercy.