La réglementation du contrôle technique automobile vient de changer. Sur un marché proche de la saturation, elle met en lumière les défis que vont devoir relever, dans les années à venir, les enseignes spécialisées.
Au 1er janvier 2008, la nomenclature du contrôle technique a de nouveau évolué. L’administration a souhaité homogénéiser les pratiques du métier, et les adapter à la technicité croissante des véhicules. Augmentation de la durée des contrôles, nouveaux matériels à acquérir, process remaniés : les bouleversements ont été tangibles dans les 5 247 centres français agréés. Ils ont aussi été brutaux, même si 94 % de centres rattachés à un réseau les ont sans doute vécu plus sereinement que les 372 indépendants du marché.
Aujourd’hui, le train est en marche. À quelques rares exceptions près, tous les centres rattachés à un réseau sont parvenus à sauter le pas. Mais cette évolution pose toutefois la question des nouveaux leviers de rentabilité que vont devoir actionner les enseignes sur un marché en nombre d’unités proche de la saturation.
À la problématique de l’amortissement des investissements consentis, tous les réseaux ont répondu en augmentant leurs tarifs, de 14 % en moyenne, chez Dekra-Norisko, Autosur et Sécuritest. “Il fallait compenser les efforts financiers réalisés par nos affiliés et la perte de volume engendrée par l’allongement de la durée des visites”, explique Martine Houlière, PDG de Sécuritest. Autre option possible : gagner des parts de marché en misant sur des offres annexes au contrôle technique. Dekra a, par exemple, fait le choix de miser sur un concept marketing consistant à faire profiter ses clients d’une remise de 35 euros sur le prix de leur stage de récupération de points de permis.“Il nous fallait prouver que nous pouvions créer de la valeur au-delà du contrôle technique réglementaire, tout en restant dans notre périmètre d’activité”, justifie Nicolas Bouvier, directeur du réseau. L’enseigne encourage par ailleurs ses adhérents à se regrouper, partant du principe que gérer plusieurs centres permet d’amortir les coûts et d’optimiser la gestion du personnel.
“Nous connaissions déjà un phénomène croissant de concentration. Le durcissement progressif de la réglementation, en poussant nos affiliés à investir toujours plus, va probablement accélérer le mouvement.” Bernard Desbouvry, directeur général d’Autosur, confirme : “Sur nos 763 affiliés, 650 n’exploitent qu’un seul centre. Cette situation est de nature à les inciter à se regrouper et à favoriser les investisseurs. Nos partenaires doivent se structurer pour réaliser des économies d’échelle.”
Quid des répercussions de ces changements en terme de développement ? “La nouvelle réglementation va certainement décaler, voire freiner les inaugurations de centres. Nous n’avons pas encore une vision très claire sur l’évolution des marges. D’où un probable attentisme des éventuels entrepreneurs”, explique Bernard Desbouvry. D’autant que le marché est d’ores et déjà, selon lui, “presque saturé”, ne laissant la place qu’à “très peu de créations ex nihilo”.
Nicolas Bouvier partage ce constat en évoquant la situation de la “suroffre” actuelle. “C’est pourquoi, poursuit-il, nous progresserons peu, à l’avenir, en nombre de centres, préférant aider nos partenaires existants à consolider leur zone.” Même son de cloche chez Sécuritest, qui, depuis trois ans, a mis un sérieux coup de frein à son développement. “Nous tablons, au grand maximum, sur une trentaine de créations supplémentaires. Et elles seront probablement le fait de nos affiliés actuels”, annonce ainsi Martine Houlière.