Des touristes moins nombreux et une clientèle professionnelle frileuse : la période est difficile pour les loueurs. Et même si les particuliers sont, eux, toujours au rendez-vous, le secteur n’attend pas de véritable reprise avant la mi-2010.
« Jusqu’ici nous n’avions pas vraiment à nous battre. Mais avec la crise, la donne a clairement changé ». Le témoignage de Philippe Soulier, directeur du réseau Car’Go, résume à lui seul la situation que traversent aujourd’hui tous les acteurs de la location courte durée. L’activité du secteur était ressortie tout juste stable en 2008 (+1,4 %). Elle devrait, selon les prévisions du CNPA (Centre national des professionnels de l’automobile), baisser d’au moins 10 % cette année. Pour ne redémarrer, au mieux, qu’au second semestre 2010.Principale cause de ce recul brutal : le coup de frein donné par les entreprises aux déplacements professionnels de leurs employés. Dans un contexte de chasse aux coûts, l’heure est aux conférences par téléphones ou écrans interposés, bien davantage qu’aux voyages d’affaires. Et l’activité des agences de location situées dans les gares et les aéroports s’en ressent sévèrement. Une morosité qui touche les très grandes enseignes (Avis, Hertz, Europcar…), mais aussi et peut-être surtout celles qui, dans leur ombre, étaient parvenues à se faire une place sur ces territoires.Avis a ainsi laissé entendre que les guichets de sa filiale Budget – dont le parc a fondu depuis 2001 pour passer de 300 à seulement 77 unités dans l’Hexagone – installés dans les aérogares de Roissy, Orly et Nice pourraient à moyen terme disparaître.
Le loueur haut de gamme Sixt (130 stations) a pour sa part pris le parti de multiplier les implantations en ville pour compenser un fort recul de son activité dans les lieux de transit. Et les enseignes françaises suivent. A l’image de la première d’entre elles, Ada (443 agences), qui, en réaction à la baisse du trafic aérien, a préféré se retirer purement et simplement des terminaux de Roissy, Toulouse et Bordeaux.
« Mais ce marché, si malmené actuellement, ne représente que 5 % de notre chiffre d’affaires », souligne Jean-François Charvat, directeur de la franchise Ada. Le réseau du groupe G7 a en effet choisi un positionnement de proximité.
C’est sur ce créneau que se sont également développés Rent a Car, Ucar ou Car’Go. Avec une clientèle locale faite de particuliers, d’artisans et de petites entreprises. D’après le responsable d’Ada, les premiers ont été au rendez-vous toute la saison. Et le constat est similaire chez Rent a Car dont le directeur général délégué, Guilhem Mazzia, souligne que l’activité auprès des particuliers « n’a pas baissé sur la période ».
La cible des artisans et petites entreprises s’est, elle, montrée beaucoup plus frileuse. Chez Car’Go comme chez Rent a Car, la demande des pros en utilitaires aurait ainsi chuté de -10 à -15 % entre les premiers semestres 2008 et 2009.
Ce contexte troublé a des conséquences sur la vitesse et la stratégie de développement des enseignes. Car’Go, qui fédère pour l’heure 60 agences franchisées, 8 succursales et 304 « Points » de location (licences confiées à des garages, stations-services ou concessions) n’atteindra pas ainsi les 500 unités dès 2012 comme prévu « mais plus probablement en 2014 ».
Ada a pour sa part considérablement réduit cette année son rythme d’expansion en franchise, tout comme d’ailleurs son confrère Rent a Car. En attendant un espéré redémarrage de l’activité, la prudence, autrement dit, est plus que jamais de mise.