Conseil en développement de réseaux, le président d’Epac International pousse un « coup de gueule » contre la pratique consistant à vendre des contrats de franchise à des candidats franchiseurs qui n’ont pas encore d’unité « pilote » et n’ont donc pas encore fait la preuve de leur réussite, mais s’apprêtent déjà à recruter des franchisés…
Nous venons d’être consultés par une ancienne franchisée d’un réseau de soutien scolaire en redressement judiciaire. Elle venait de déposer le bilan après seulement 9 mois d’activité. Elle est divorcée, elle a un garçon de 13 ans, elle a investi toutes ses disponibilités et s’est endettée à hauteur de 130 000 €, pour s’apercevoir que le concept, américain à l’origine et qui connaît beaucoup de succès aux USA, n’avait pas été adapté à la France.
Le franchiseur n’avait pas de pilote, le franchiseur n’avait pas démontré le succès potentiel du concept en France …. Mais il avait un contrat de franchise qu’il a fait signer à une vingtaine de franchisés, dont la plupart sont dans une situation comparable à celle de notre visiteuse.
La semaine précédente nous avons vu dans notre cabinet 4 candidats franchiseurs. Les secteurs d’activité étaient très différents : la beauté et le bien-être, la décoration, la restauration rapide, la formation continue. Ils avaient un point commun : un concept attrayant et original… sur le papier. Ils avaient aussi d’autres points communs : une absence totale de pilote, une absence totale de preuve de succès, une absence totale de manuel opérationnel !
Mais tous étaient en possession d’un contrat de franchise et d’un semblant de DIP (Document d’information précontractuelle) Deux d’entre eux menaient déjà des négociations avec des candidats franchisés.
Les points communs entre ces 4 candidats franchiseurs et la franchisée malheureuse évoquée plus haut ? Pas de pilote digne de ce nom qui aurait dû démontrer le succès du concept, mais un contrat de franchise qu’ils sont prêts à dégainer !
Moralité 1: quand un candidat franchiseur a un contrat de franchise, il s’en sert.
Moralité 2: il ne faut donner un contrat de franchise qu’à des candidats franchiseurs qui sont de vrais futurs franchiseurs, ceux qui ont prouvé le succès potentiel de leur concept en France, comme cela est exigé par le Code de Déontologie Européen de la Franchise.
Moralité 3 : les conseils doivent mettre un point d’honneur à vérifier le point décrit dans la moralité 2. Leur responsabilité, au moins morale, est largement engagée.
Moralité 4 : si les conseils ne respectent pas le point décrit à la moralité 3, ils mettent des familles entières en danger économique et ils mettent aussi en danger la franchise elle-même.
La franchise est la duplication d’un succès avéré. Il ne faut jamais l’oublier. Ce point, au moins, est facile à vérifier. Un point que les conseils, concepteurs de contrats de franchise, tout comme les candidats franchisés devraient impérativement examiner avec attention. Les premiers avant de donner un contrat à un candidat franchiseur, les seconds avant de le signer !