Nous négocierons au cas par cas le renouvellement de mes contrats de franchise.
Vous avez entamé un bras de fer juridique avec votre franchiseur, McDonald’s France, l’an dernier, après 20 ans de contrat : quelle était l’origine du conflit qui vous a amené tout de même au bord du divorce ?
McDonald’s France n’a pas voulu renouveler les contrats de mes restaurants de La Canebière et Bonneveine, arrivés à échéance. La société voulait changer de stratégie en les confiant à de nouveaux franchisés. Elle estimait qu’avec 19 établissements, j’étais devenu trop puissant : elle voulait mettre fin de manière arbitraire aux contrats qui nous liaient. Le problème, c’est que nous étions en joint-venture à 50/50 : ce n’était donc pas possible sans mon accord. Evidemment, je ne souhaitais pas voir d’autres personnes profiter d’une situation que j’avais mis 20 ans à construire ! Et ce n’était pas honnête de la part de McDonald’s France. J’ai donc porté l’affaire devant la Justice pour faire reconnaître mes droits.
Aujourd’hui, vous avez racheté la totalité des parts que McDonald’s France détenait dans votre société Brescia Investissement SA : pourquoi et pour quel montant ?
Nous avons voulu éviter les tribunaux. Les rapports de force étaient équilibrés. De mon côté, je n’ai jamais commis de faute dans mon métier : je demandais simplement l’interprétation de mon contrat, puisque McDonald’s France et moi étions en désaccord sur ce point. Mais les procédures judiciaires sont très longues : quand on gère une entreprise de 1 200 salariés qui sont, comme vous, dans l’expectative, on ne peut pas se permettre de faire la “guéguerre” pendant des mois ou des années. Chez McDonald’s France, il y avait le spectre d’une éventuelle condamnation : c’était prendre le risque d’endosser l’image négative du géant qui utilise la force pour faire passer sa stratégie. Nous sommes donc parvenus à un accord : comme je n’avais aucune envie de partir, c’est moi qui ai racheté les parts que détenait McDonald’s pour un montant… conforme aux prix du marché !
Votre société possède à ce jour 17 restaurants et donc autant de contrats qui viennent à échéance dans les prochaines années : seront-ils automatiquement renouvelés ?
Automatiquement, non : tout sera négocié au cas par cas. C’est aussi une volonté de ma part : je peux vouloir vendre certains restaurants, en garder d’autres ou encore “échanger” certains sites suivant la dynamique du marché que je développe. Les échéances s’échelonneront de 2008 à 2018, cela nous laisse du temps. Et puis, bien sûr, en théorie McDonald’s France pourrait refuser tous les renouvellements, mais je doute fort qu’il en vienne à cette extrémité !