Un concept franchisable est censé simplifier la vie du franchisé, rappelle l’auteur, consultant associé chez TGS France et coach certifié.
Par François PELTIER, Coach certifié et formateur, TGS France
Un regard superficiel ou caricatural tendrait à réduire la relation franchiseur-franchisé à l’application pure et dure d’une norme élaborée par le franchiseur pour protéger ses droits et pour rappeler aux franchisés ses devoirs. Or, le franchisé aussi a ses droits et le franchiseur ses devoirs. Les devoirs de l’un correspondant généralement aux droits de l’autre ; une relation franchiseur-franchisé saine et durable se fonde donc prioritairement sur les devoirs des deux parties, plutôt que sur leurs droits : la conscience et l’anticipation d’un devoir réciproque sont plus dynamiques et efficaces que la revendication d’un droit, revendication par essence plus égocentrée et conflictuelle puisque portant sur une impression de « déjà dû ». Instaurer cette culture des devoirs, exigeante, c’est l’acte et l’exemplarité du dirigeant par excellence, c’est aussi la condition de la confiance fondée sur la réciprocité : il me fait confiance parce que je lui fais confiance. La pensée automatisée dirait : « la confiance n’exclut pas le contrôle » ; certes. Allons même jusqu’à dire : la confiance grâce au contrôle !
L’autre grand devoir du franchiseur : la simplification ; dupliquer, c’est simplifier. Qu’un concept franchisable soit censé simplifier la vie du franchisé, c’est l’évidence. C’est même sa raison d’être : simplification de la création, voire du financement et de l’implantation, simplification du succès par la duplication des bonnes pratiques consolidées par la formation et l’assistance, simplification des achats, de la logistique, simplification informatique, etc… Evidence, oui, dans la plupart des cas, heureusement. Restent quelques déçus ; par la franchise ? Par le franchiseur ?
Par la franchise, parfois :
- Nous ne sommes pas tous faits pour ce modèle d’entreprenariat construit pour reproduire un modèle : g, faites-vous conseiller avant de vous lancer (par vos proches et ceux qui vous connaissent bien, par d’autres franchisés, par des experts) ! Franchiseurs, faites-vous conseiller avant de recruter ! L’un comme l’autre, cela vous coutera moins cher qu’un échec
Par le franchiseur, parfois :
- Quand le dirigeant de l’enseigne, imprécis à définir les contours de son concept et au management défaillant ou trop éloigné du terrain, s’appuie sur ses spécialistes nommés plus haut (informaticiens, logisticiens, acheteurs, juristes, etc…) sans les réguler et qui font peser sur le réseau un poids de contraintes insupportables, transformant une PME en bureaucratie
- Quand le dirigeant de l’enseigne, incapable d’élever son regard plus haut que la seule réalité économique, pétrifié par l’enjeu, confond Unité et Uniformité, et s’effraie de l’intelligence de ses franchisés, tout juste entrepreneurs pour investir, mais pas plus, eux dont le projet initial comportait pour la plupart autant de motivations psychologiques et collectives qu’économiques.
Dans son fameux et prophétique discours de Harvard en 1978, Alexandre Soljenitsyne annonçait déjà : « Par-delà le bien-être physique et l’accumulation des biens matériels, toutes les autres particularités, tous les autres besoins de l’homme, plus délicats et plus élevés, restèrent hors de l’attention des systèmes sociaux, comme si l’homme n’avait pas de sens plus élevé à donner à la vie. »
Franchiseurs et franchisés, il est lumineux de le relire !