La transmission d’entreprise représente un enjeu très important pour les groupements et les enseignes du commerce associé.
Pouvez-vous nous rappeler les spécificités du commerce associé et nous livrer quelques éléments chiffrés ?
Le commerce associé est une manière d’organiser des réseaux de points de vente à partir de la volonté de plusieurs entrepreneurs de se regrouper, de mutualiser des moyens mais aussi des idées et du savoir-faire. Ils vont s’associer au sein d’un groupement qui prend dans 90 % des cas la forme d’une coopérative. La spécificité du Commerce Associé réside dans le fait que le capital du groupement est détenu par les entrepreneurs. Ils sont donc à la fois les acteurs et les décideurs de la gestion quotidienne des points de vente et de la stratégie du réseau dans son ensemble. Ils votent les décisions en assemblée générale et élisent leurs représentants : les membres du conseil d’administration.
Les adhérents participent à différentes commissions de travail au niveau national et régional, par exemple sur la communication, le marketing, les achats, l’informatique, le financement, etc. Ces commissions sont animées par un binôme composé d’un entrepreneur membre du réseau qui accepte de consacrer ainsi, bénévolement, une partie de leur temps à l’ensemble du groupement, et d’un permanent salarié du groupement. L’implication est une des valeurs fortes du Commerce Associé. Elle permet de fédérer un peu plus le réseau dans son enjeux collectif : la puissance de l’enseigne démultiplie celle de chaque point de vente, de chaque patron propriétaire et associé.
Le commerce associé regroupe 145 enseignes comme Sport 2000, Système U, Intermarché, E. Leclerc, Optic 2000, Best Western, etc. Cette organisation représente 29 % du commerce de détail en France, soit 41 000 points de vente et 3 800 entrepreneurs pour un chiffre d’affaires global de 138 milliards d’euros.
Quelles sont les opportunités de reprise d’entreprise au sein des groupements du commerce associé ?
La transmission représente un enjeu très important pour le commerce associé. Nous comptons un peu plus de 1 100 transmissions chaque année. Il s’agit d’une moyenne sur les sept dernières années. L’an passé, nous avons connu un ralentissement puisque nous avons dénombré 850 cessions. Ce recul s’explique notamment par le contexte économique. De nombreux entrepreneurs ont préféré reporter leur projet de transmission dans l’attente d’une meilleure visibilité.
Compte tenu de la pyramide des âges, cet enjeu de la transmission va devenir de plus en plus prégnant dans les années à venir. Pour près de la moitié des groupements du commerce associé, le pic des transmissions va intervenir d’ici cinq ans. En moyenne, pour un réseau du commerce associé, 12 % du parc de points de vente sera concerné par une transmission d’ici 5 ans. Environ 5 000 cessions d’entreprise vont s’opérer d’ici 2018, ce qui implique le recrutement de 2 000 nouveaux entrepreneurs en plus des filières internes de recrutement.
Il faut préciser que 60 % des repreneurs proviennent de ces filières internes. Il s’agit de membres de la famille du cédant, d’associés ou de salariés des groupements. Donc 40 % des repreneurs viennent de l’extérieur. Soulignons que cette proportion des recrutements extérieurs est en croissance ces dernières années, ce qui montre l’attractivité de ces réseaux.
Quel est le rôle du groupement dans le processus de transmission et quelles sont les formes d’accompagnement qu’il propose ?
Lors d’une opération de transmission, il existe une relation tripartite entre le cédant, le candidat à la reprise et le groupement. L’acceptation par le cédant du repreneur potentiel ne va pas suffire pour que ce dernier puisse entrer dans le réseau. Il doit également bénéficier de l’agrément du groupement. Le conseil d’administration va être vigilant au fait que l’acheteur recommandé, s’il n’est pas déjà associé, puisse satisfaire aux compétences et aux qualités humaines requises dans les procédures habituelles de recrutement. Il y a, au sein des groupements, des valeurs d’implication, de démocratie, de solidarité ou encore de mutualisation avec lesquelles le nouvel entrant doit être en phase. Il est très important que son projet soit en cohérence avec les valeurs du réseau et avec le projet collectif qui est porté par le groupement.
Afin de faciliter le départ de commerçants à la retraite et de favoriser la reprise des points de vente par de nouveaux commerçants, les groupements exercent dans certains cas une activité de portage. C’est alors le groupement qui rachète, temporairement, le point de vente le temps qu’un candidat potentiel soit identifié.
77 % des groupements aident les repreneurs et les créateurs lors de la phase de recherche de financement ou interviennent dans la négociation avec les partenaires bancaires. Notons qu’en l’espace d’une année, ce taux a augmenté de neuf points. De plus, 50 % des groupements disposent d’une filiale qui intervient dans le financement des nouveaux projets par la prise de participation, par la mise en œuvre de garanties ou par des prêts participatifs. Cet outil mutualisé permet, en partie, de financer le projet du nouvel entrant. Le repreneur ou le créateur va ainsi bénéficier d’un effet de levier qui peut être important. Par ailleurs, 18 % des groupements pratiquent le parrainage financier inter-associés : des associés vont se porter caution pour le nouvel entrant sur leurs biens propres. Enfin, 71 % des groupements font intervenir la Socorec, qui est un outil financier mutualisé inter-groupement qui accompagne les réseaux dans leur développement.
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