Le futur franchisé doit présenter un dossier complet et structuré, de sorte que l’ensemble des financeurs puisse se positionner rapidement sur son projet.
Comment se comportent les établissements bancaires aujourd’hui face aux porteurs de projets pour une création d’entreprise en franchise ?
Les banques prêtent toujours, bien évidemment, mais elles regardent les dossiers avec beaucoup plus d’attention qu’avant. Donc aujourd’hui, un candidat ne peut plus aller présenter un dossier incomplet, voire un prévisionnel vite fait sur une feuille Excel : tout ça, c’est terminé ! D’où l’intérêt pour le porteur de projet de se faire accompagner pour professionnaliser son approche. Un futur franchisé peut toutefois chercher son financement par lui-même, mais alors il doit présenter un dossier complet et structuré, avec une note de synthèse, de sorte que l’ensemble des partenaires financeurs puisse se positionner rapidement sur son projet.
En dehors des banques, quelles sont les autres sources de financement possibles ?
En effet, je préfère parler de partenaires financeurs, dont les banquiers font partie, parce qu’aujourd’hui, il existe beaucoup de solutions de financement hors banques. Chez AFR Financement par exemple, presque 60 % des enveloppes de financement sont faites hors banques : c’est un élément important. Cela comprend les solutions de leasing, le prêt de stock, le prêt de trésorerie, le financement du Besoin en Fonds de Roulement (BFR). Mais aussi le financement participatif, qui est un formidable levier pour financer de la trésorerie et de l’immobilier, ou encore les différentes aides et subventions. Chez AFR Financement, nous avons un moteur de recherche qui nous permet lister, à partir d’un certain nombre de critères, l’ensemble des aides françaises et européennes qu’un porteur de projet peut aller chercher.
Certains financeurs sont spécialisés dans le financement du stock, permanent ou saisonnier. Dans des activités saisonnières comme le vin ou encore le chocolat, cela peut être utile pour mettre en place du financement de stock court terme, le temps de passer la saison. Ce sont des crédits qui peuvent courir sur trois à cinq mois par exemple, le temps que le franchisé puisse constituer son stock, puis le vendre dans la saison en question.
D’autres sociétés sont spécialisées dans le financement du besoin en fonds de roulement : c’est le nerf de la guerre. Ainsi, des sociétés qui sont en développement ou qui ont besoin d’embaucher peuvent aller chercher une enveloppe hors banques, auprès de prêteurs spécialisés en financement de la trésorerie.
Aujourd’hui, beaucoup de nos dossiers sont en plan de financement structuré, c’est-à-dire qu’ils englobent de la dette bancaire, du leasing, du financement participatif, des aides et subventions. Les organismes les plus connus sont les dispositifs d’aide à la création d’entreprise comme France Active, Initiative France et Réseau Entreprendre. Mais il existe aussi des subventions ou des aides très locales, qui sont mises en place pour booster l’activité économique. Il peut y avoir par exemple des aides spécifiques à la reprise : si une région ou un département identifie qu’il y a un turnover important sur des fonds de commerce ou des entreprises qu’ils veulent soutenir pour éviter que des emplois ne soient détruits, ils mettent en place des aides remboursables ou non. On peut ainsi avoir des aides avec un différé de deux ou trois ans, des aides non-remboursables ou des subventions. Actuellement, il existe notamment beaucoup de dossiers liés à la transition écologique.
De plus en plus de franchiseurs lancent des dispositifs pour accompagner financièrement leurs candidats et faciliter l’accès à leur réseau : qu’en pensez-vous ?
La franchise participative aide bien évidemment au lancement d’un franchisé, avec souvent des conditions de sorties prévues. Dans cette formule, le franchiseur rentre au capital du franchisé, par exemple en mettant 50 000 € sur la table, pour ressortir au bout de 5 ou 7 ans, une fois l’emprunt remboursé. Le franchisé le remboursera alors, parfois à l’euro près, parfois avec une plus-value.
L’idée, c’est de pouvoir apporter du cash, de soutenir un apport en peu plus faible ou des investissements un peu plus lourds. Et le franchiseur est partie prenante au projet en étant présent au capital du franchisé. Même si certains disent que c’est n’est plus vraiment de la franchise, je considère que c’est un bon outil, dès lors que ce n’est pas fait pour s’enrichir sur le dos des franchisés. L’idée, c’est de les soutenir et je n’ai pas rencontré un seul réseau qui ne soit pas dans cet état d’esprit.
D’autres franchiseurs mettent en place un système de financement participatif : il s’agit d’une plateforme mise à disposition des franchisés en place ou des futurs franchisés qui ont besoin d’aller chercher du financement, et qui est ouverte aux contributions de l’écosystème du franchiseur. Cela peut être les franchisés en place, le franchiseur lui-même, les fournisseurs, les salariés ou encore les clients. Tous auront la possibilité de contribuer à hauteur 20 à 100 € pour soutenir un projet d’ouverture en franchise ou pour financer du fonds de roulement. Je trouve que ce sont des modèles très intéressants, à condition d’avoir un minimum de points de vente pour bâtir un écosystème un peu large. Donc cela concerne des réseaux bien installés, avec trois approches possibles : soit en circuit fermé, cantonné à l’interne et non public, soit mixte avec par exemple 70 % en circuit fermé et 30 % auprès des clients, soit 100 % public.
Plus généralement, quel peut-être le rôle du franchiseur pour accompagner ses franchisés dans leur recherche de financement ?
Les franchiseurs doivent s’entourer des bonnes solutions de financement pour accompagner leurs franchisés et assurer la croissance de leur réseau. Tout en faisant attention à ne pas tomber dans l’ingérence : le franchiseur peut bien évidemment transmettre des chiffres, des moyennes, voire des bilans de franchisés installés, ça ne pose aucun problème. Mais en aucun cas il ne doit réaliser le prévisionnel, accompagner en banque voire négocier auprès des banques : c’est vraiment la ligne à ne pas franchir.
Ce que nous proposons, et qui est de plus en plus apprécié par les franchiseurs, c’est le fait de les accompagner dans leur référencement auprès des financeurs : les banques évidemment, via leur pôle franchise, mais aussi les acteurs du financement participatif, ceux qui accordent aides et de subventions, les sociétés de leasing et les organismes de contre-garanties. C’est vraiment un plus que les franchiseurs vont apporter à leurs futurs franchisés : nous amenons un coup de projecteur pour donner de la visibilité à l’enseigne auprès des financeurs. Ensuite, naturellement, quand un projet de franchisé arrive sur la table, le financeur en question a déjà un dossier de présentation de l’enseigne avec des chiffres à jour : nous actualisons ce dossier tous les trimestres et, dans chaque demande de financement pour un franchisé, nous ajoutons un lien sécurisé vers le dossier franchiseur, actualisé, que le financeur va pouvoir consulter s’il le souhaite. Voilà un accompagnement indirect que le franchiseur peut mettre en place pour faciliter le financement de ses franchisés.
Certains réseaux peuvent aussi accompagner leurs franchisés en portant une partie des investissements, par exemple en finançant une flotte de véhicules, qu’ils mettent à disposition de leurs franchisés moyennant un loyer : sur des réseaux en création, ça peut être une solution.
Pour résumer, quel principal conseil donnez-vous à un candidat franchisé qui veut se lancer en 2025 pour obtenir son financement ?
Le conseil que je donnerais à un candidat qui souhaite se lancer en franchise en 2025 c’est : se faire accompagner, se faire accompagner, se faire accompagner ! Si j’ai besoin d’un prévisionnel, je vais voir un expert-comptable. Si j’ai une problématique juridique, je m’entoure d’un avocat. Si je veux faire une étude de marché, je vais chercher une société spécialisée. Et quand j’ai besoin d’aller chercher mon financement, je fais appel à un courtier spécialisé en financement professionnel. Ce qui est intéressant dans cette approche, c’est que cela rassure les financeurs de voir qu’un candidat sait s’entourer de spécialistes, parce que son prévisionnel sera dans les clous, son étude de marché sera en corrélation avec son prévisionnel etc.
On ne peut pas être bon partout : les franchiseurs recrutent des opérationnels, pas des gens qui savent chercher du financement. Or, c’est compliqué pour un futur franchisé parce qu’il doit parler de lui, de son projet, de ses chiffres, son prévisionnel, et en plus, il doit « vendre » aux financeurs le concept et l’enseigne. Sauf que le plus souvent, il n’est pas encore passé en formation : il a juste eu une plaquette, un DIP, ou une réservation de zone. D’où l’intérêt de se faire accompagner : quand il sent que le franchisé est un peu léger sur certains sujets, un courtier va pouvoir, sans se substituer totalement à lui, le soutenir à des moments clés de sa présentation.