La franchise apporte un niveau de risque moins élevé, qui correspond à la taille d’entreprise souhaitée par les femmes, donc elle leur donne une capacité à se reconvertir.
En 2020, en France, quatre créateurs d’entreprises individuelles sur dix étaient des femmes : quel est votre point de vue sur l’entrepreneuriat au féminin ?
Depuis plusieurs années, il y a une vraie action politique sur le sujet pour amener une mixité nécessaire : les femmes représentent 50 % de la population, c’est important pour l’équilibre. C’est aussi un sujet économique car les femmes sont plus facilement éloignées de l’emploi or, les femmes entrepreneures créent déjà un emploi : le leur, et au moins un autre.
Il y a une vraie volonté de l’Etat, de vraies actions au travers de Bpifrance et de plus en plus au travers des Chambre de Commerce et d’Industrie : facilités de financement, offres de reconversion, offres de mentoring…
Quels sont selon vous les freins à la création d’entreprise par des femmes ?
Parmi les freins à l’entrepreneuriat féminin, il existe des facteurs endogènes liés à la femme elle-même : même si ça bouge, il y a encore des stéréotypes, des croyances limitantes liées au fonctionnement social et sociétal, qui renvoie l’image de femme parfaite, mère de famille, de la bonne élève… Cela ne crée pas un rapport au risque, à la confiance en soi, à la confiance en sa capacité à faire sans un collectif, à faire seule. Du coup, les femmes se posent davantage la question : est-ce que je suis légitime ? Est-ce que je suis à la hauteur pour prendre des responsabilités ? Ce rapport au risque, à l’ambition peut limiter la création d’entreprise. De plus, dans le monde du travail, les femmes sont encore vues comme de bons cadres, voire de bons cadres supérieurs mais pas des numéro 1 : on ne les croit pas forcément légitimes.
La création d’entreprise dépend du rapport au risque : dans ce domaine, les hommes sont un peu plus armés que les femmes. Se pose aussi la question de la légitimité : les femmes ont un peu besoin d’être dans la perfection. Ce sont des croyances limitantes qui peuvent empêcher d’aller vers l’entrepreneuriat.
Les femmes, en couple ou seules, ont un rapport à la sécurité plus fort donc, quand une femme entreprend, son business plan sera souvent beaucoup moins ambitieux que celui d’un homme.
Il existe aussi des facteurs exogènes, notamment un facteur sociétal : même si les hommes jouent de plus en plus un rôle dans la famille, on est encore malgré tout dans un cadre où l’évolution sociale est majoritairement laissée aux hommes. L’évolution professionnelle repose encore plus souvent sur les hommes que sur les femmes : ce sont elles qui suivent et qui s’occupent des enfants, même si c’est en train de changer.
Est-ce que la franchise facilite la création d’entreprise au féminin et si oui, pourquoi ?
La franchise est un modèle qui peut convenir à l’entrepreneuriat féminin parce que, pendant longtemps, la franchise a surtout concerné le commerce et une majorité de services. Or, la femme est en général plus adaptée au profil commerçante, et aux activités de services à la personne, de services B to C, sans parler de l’esthétique-beauté. Donc on va plus facilement retrouver des femmes dans les services à la personne. Il y a aussi beaucoup de réseaux de franchise dans le consulting, les RH, le commercial or, cela correspond à la taille d’entreprise souhaitée par les femmes, donc la franchise leur donne une capacité à se reconvertir.
Les femmes sont souvent contraintes par des horaires quand elles ont des enfants à aller chercher à l’école : le fait de devenir leur donne plus de liberté dans leur organisation.
Enfin, par rapport à la notion de risque et de confiance en soi, la franchise apporte un niveau de risque moins élevé donc les banques peuvent financer plus facilement ce type de projets.