La franchise sans local commercial, est-ce possible ? Si oui, en se tournant vers quels secteurs d’activité ? Quels avantages en tirent les affiliés qui les rejoignent ? Et à quels inconvénients doivent-ils faire face ? Cinq réseaux témoignent.
Au rang des univers de la franchise qui se prêtent bien au déploiement de concepts sans local commercial figure d’abord celui de l’équipement de la maison. En effet, les modèles y sont légion. A l’image du réseau de cuisinistes Venidom. Fondée en 2011 par Maxime Gérard (un cuisiniste anciennement à la tête d’un magasin de 800 m2), puis déployée en franchise depuis 2018, cette enseigne, positionnée sur le segment moyen haut de gamme (un panier moyen à 7 150 euros HT, cuisines livrées et posées), se déplace chez ses clients consommateurs avec, en guise d’outil principal, un « camion-magasin ». « Il est chargé de six râteliers-présentoirs et de 120 portes-échantillons présentant nos modèles de mobiliers et d’accessoires de cuisines », précise le fondateur ; soit au total 7 m2 d’exposition. Pour rejoindre la franchise Venidom (elle travaille avec un transporteur et sans dépôt de stock), il faut prévoir un investissement total de 95 000 euros (dont un crédit-bail de 51 000 euros pour financer l’acquisition du camion, aménagement intérieur compris). « Mis à part ce crédit sur le véhicule, nos franchisés n’ont pas de charges, c’est ce qui fait la force de notre modèle sans local », souligne Maxime Gérard. Pour se faire connaître auprès de la clientèle (et outre le bouche-à-oreille qui fonctionne très bien), « il faut être proactif », reprend-il. Ce qui veut dire, principalement, être présent sur les foires et sur les salons de l’habitat en région. « J’insiste auprès de mes franchisés : exposer sur les marchés communaux, c’est non seulement un bon moyen de rencontrer des clients, mais aussi les commerçants du coin avec qui il est important d’entretenir de bonnes relations ». Et le fondateur de l’enseigne d’illustrer : « Grâce à ces marchés communaux, notre franchisé de Calais a établi une trentaine de contacts sérieux en quatre mois. » Déployant une vingtaine de franchisés, Venidom vise six à huit recrutements par an. « Notre objectif est de compter 35 franchisés fin 2025, précise Maxime Gérard, en recrutant soit d’anciens cuisinistes, soit d’anciens poseurs de cuisines ou bien des entrepreneurs venant d’autres secteurs à qui nous adressons une formation de cinq semaines. » Et de citer les villes où il souhaiterait voir en priorité, à l’avenir, sillonner un camion Venidom : Bayonne, Brive, Biarritz, Montpellier, Perpignan, Limoges, Angoulême, Metz, Nancy, sans oublier la région Bretagne.
Deux marques en fort développement chez Daniel Moquet
Spécialisée dans l’aménagement des cours, des allées de jardins et des terrasses à l’attention exclusivement des particuliers, la franchise Daniel Moquet se déploie pareillement sans local commercial. Et ce, en s’appuyant sur trois marques : l’historique Daniel Moquet signe vos allées (250 franchisés) ; Daniel Moquet signe vos clôtures (80 franchisés) ; et Daniel Moquet signe vos jardins (60 franchisés). « Nous sommes sur un marché porteur, affirme sa directrice générale, Pauline Moquet. Il a été boosté par la période Covid et dopé par l’envie des Français d’améliorer leur maison après les confinements. » Cette dynamique positive se poursuit : en 2023, la franchise Daniel Moquet a bouclé son année sur un CA réseau de 321 millions d’euros, soit la réalisation de 41 500 chantiers. « Sans local commercial, c’est bien plus simple de s’installer, ajoute Pauline Moquet. Cela allège les charges. Pour nous rejoindre, il faut juste un terrain de stockage de 2 000 m2 en zone artisanale pour ranger les matériaux et le matériel. » Soit un investissement total de 280 000 euros (dont 40 000 à 50 000 euros d’apport personnel), comprenant notamment une enveloppe de 210 000 euros pour financer l’acquisition du matériel. L’enseigne recrute divers profils d’entrepreneurs. « Il n’est pas nécessaire d’être du métier, mais il convient d’avoir un attrait pour l’aménagement des extérieurs, précise Pauline Moquet. Il faut aussi aimer le contact avec les particuliers et savoir manager des ouvriers de chantier », soit une dizaine de salariés lorsque l’affaire a pris sa vitesse de croisière. Et la directrice générale d’ajouter : « Un franchisé chez nous est un conducteur de travaux. Il doit donner les consignes et s’assurer que le travail a été bien fait. Il doit aussi s’organiser pour se libérer du temps dans la journée afin d’aller sur le terrain chercher de nouveaux clients. » Pour accroître sa visibilité auprès du public, il est conseillé au franchisé Daniel Moquet de participer à des foires et des salons locaux. Et aussi de s’installer au sein de galeries marchandes. « Nous réservons à nos affiliés des territoires exclusifs, précise la directrice générale, soit un parc de 40 000 maisons par franchisé. » En termes de développement, l’enseigne affirme pouvoir encore ouvrir une dizaine de franchises Daniel Moquet signe vos allées, pour arriver à 260 unités. « Pour nos deux autres marques, nous visons le même objectif de couverture de 260 franchisés, précise la directrice générale, c’est-à-dire ouvrir encore 180 Daniel Moquet signe vos clôtures, et 200 Daniel Moquet signe vos jardins. »
12,5 % de croissance de CA en 2023 pour Repar’Stores
Autre enseigne du secteur de la maison dont les franchisés travaillent sans point de vente, Repar’Stores développe, depuis 15 ans, une activité de réparation et de modernisation des volets roulants. « Travailler sans local avec Repar’Stores offre de nombreux avantages. D’abord, pouvoir ouvrir rapidement son affaire, en seulement un mois et demi, après avoir suivi une formation initiale de six semaines. Puis de se lancer en franchise avec un léger investissement, soit 50 000 euros HT, dont seulement 5 000 euros en apport personnel », énumère Guillaume Varobieff, cofondateur et directeur général du réseau. En effet, les franchisés de la chaîne s’appuient sur une structure légère comprenant principalement un véhicule-atelier équipé. « Chez Repar’Stores, les charges d’exploitation sont réduites au maximum afin de dégager de la rentabilité, poursuit le dirigeant. Enfin, en plus de pouvoir organiser leur agenda comme ils le souhaitent, sans être contraint d’ouvrir leur boutique, nos franchisés évoluent sur un marché de niche avec peu de concurrence, ce qui permet au réseau d’afficher une belle dynamique de croissance. » En 2023, Repar’Stores a réalisé, avec ses 235 franchisés (pour 300 agences et 425 véhicules), un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros, en hausse de 12,5 % versus 2022. « Pour 2024, nous visons les 100 millions d’euros et les 500 véhicules, table Guillaume Varobieff. Et à plus long terme, à raison de 15 à 20 nouveaux franchisés par an, les 900 véhicules. Il nous reste une cinquantaine de secteurs à couvrir, notamment dans les départements 59 et 62 et en Ile-de-France. » L’enseigne recrute un grand nombre de cadres en reconversion, et de tous âges : de 21 à 70 ans. « Comme nous ne sommes pas visibles avec un magasin, nous devons soigner notre communication, affirme le directeur général, notamment sur le digital, via le référencement payant (Google AdWords) et l’application Solocal. » L’enseigne table sur une diversification de ses activités (elle vient de pénétrer le marché des portes de garages sectionnelle) avec l’ambition de devenir le spécialiste de la réparation et la modernisation des fermetures du bâtiment.
Gang of Pizza : la pizza qui séduit les petites communes
Dans l’alimentaire, les concepts sans local commercial se développent également, à l’image du réseau Gang of Pizza. Les points clés du modèle ? Mettre à disposition, dans les communes de moins de 5 000 habitants (sa cible prioritaire), des points de distribution de pizzas en vente à emporter. « Notre force est de pouvoir vendre nos produits 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », souligne Arthur Le Gouic, directeur général de la chaîne. Pour se lancer en franchise avec Gang of Pizza, il faut prévoir un investissement de 210 000 euros, dont un apport compris entre 20 000 et 40 000 euros, comprenant trois vitrines automatisées, l’atelier de production et ses équipements (les franchisés y produisent quotidiennement leurs pizzas) et le camion de livraison. « Notre plus gros franchisé est à la tête de 35 points de distribution et emploie une vingtaine de personnes », précise le dirigeant. Comptant 45 franchisés (pour 430 points de vente), l’enseigne annonce vouloir recruter, cette année, une quinzaine de nouveaux affiliés, pour arriver à 600 points de distribution.
Auto’Nettoyage veut se développer à l’Ouest de la France
Destiné à une clientèle de professionnels de l’automobile, le réseau Auto’Nettoyage est positionné sur le marché du nettoyage professionnel de qualité haut de gamme des véhicules « au domicile de ses clients ». Ce qui veut dire que l’enseigne travaille, elle aussi, sans point de vente physique. Comptant 21 franchisés sur le territoire, la franchise recherche des partenaires, notamment dans le Sud-ouest, dans les départements du Nord et en Bretagne. « Pour nous rejoindre en franchise, il faut un investissement de seulement 10 à 20 000 euros, précise Stéphane Faveyrial, directeur du développement, ce qui veut dire un risque financier très faible. »