Des solderies nouvelle génération

La tendance s’est affirmée pendant la crise, mais elle perdurera, assure une étude récente de Xerfi* : les Français plébiscitent, dans l’équipement de la maison notamment, l’achat “malin” et les bonnes affaires. Du pain bénit pour les bazars et solderies qui voient depuis quelques années affluer, dans leurs rayons, une clientèle curieuse et décomplexée.

Après avoir bondi de 12 % en 2014, pour atteindre 3,5 milliards d'euros, les ventes des quinze leaders du marché devraient progresser encore de 8 % cette année. Et dépasser les 4 milliards à fin 2016. Gifi, à lui seul, a réalisé plus d’un milliard d’euros de chiffre d'affaires en 2014 et La Foir’Fouille atteint 550 M€ (+ 8 %).

* “Bazars, discount et déstockage dans l’équipement de la maison et de la personne : perspectives et axes de développement d'ici 2016.”

Il est vrai, note l’étude, que les enseignes “n’ont pas ménagé leur peine pour renforcer leur attractivité”. Car les petits prix ne font pas tout, notamment dès lors que le pouvoir d’achat des ménages commence à reprendre des couleurs. Il fallait aussi que le secteur se renouvelle et retravaille son image.

La Foir’Fouille a donné le la en lançant dès 2011 un nouveau concept magasin. Façades plus sobres, mobilier plus moderne, classement de l’offre par univers, circuit client repensé : “C’est le style qui a changé, pas les prix”, claironne la marque dans son dernier slogan. Plus des deux tiers du réseau (220 magasins dont environ 180 franchises) auraient opéré le lifting et la réflexion se poursuit.

Gifi applique une recette comparable depuis 2013 à ses quelque 400 points de vente, dont une très grande majorité de succursales (30 concessions). Là encore il s’agit d’améliorer l’expérience client et de créer des univers propices à la flânerie et donc au confort d’achat.

Les enseignes du secteur ont aussi misé ces dernières années sur le développement de leur maillage. Ainsi Centrakor est-il passé de 100 magasins en 2011 à plus de 200 aujourd’hui, par créations avec des partenaires concessionnaires, mais aussi à coup de rachats de petits réseaux (X-Price en 2015, Michigan entre 2012 et 2013). Tout en renforçant, elle aussi, son positionnement “tendance, convivial et complice” à travers une nouvelle identité visuelle.

Marché aux Affaires, spécialiste du discount en milieu semi-rural, connaît lui aussi un développement très dynamique, avec un réseau passé de 11 succursales en 2013 à 110 boutiques à ce jour, dont 98 en franchise. Et il vise 20 inaugurations en 2016.

En licence de marque, la centrale GPS Distribution est, elle, parvenue à attirer une cinquantaine d’entrepreneurs indépendants sous ses bannières Totem Family et Totem City (grandes et moyennes surfaces) en cinq ans. Et compte atteindre 150 unités d’ici 2019.

Pour être vraiment moderne, le discount ne pouvait faire l’économie d’une présence sur Internet. Cette course au nombre de magasins se double ainsi de stratégies cross canal de plus en plus pointues.

Gifi a lancé son site marchand et son application mobile (réductions, géolocalisation d’un point de vente…) depuis 2013.

La Foir’Fouille propose un service de e-reservation permettant au client de choisir son produit et de se le faire mettre de côté en magasin de son choix.

Centrakor organise désormais des ventes privées en ligne de produits de son catalogue ou d’exclusivités Web, Marché aux Affaires et Totem Family relayent les promotions en cours dans leurs réseaux sur leurs sites… Prouvant que le métier est bien entré dans une nouvelle ère.

Si Gifi se développe essentiellement en propre, La Foir’Fouille, Centrakor, Marché aux Affaires et Totem Family recrutent activement des partenaires franchisés, concessionnaires ou licenciés.

Selon les concepts, l’apport personnel minimum requis pour créer un magasin s’échelonne entre 80 000 euros (Marché aux Affaires) et 200 000 euros (La Foir’Fouille), pour un investissement global qui peut, lui, grimper jusqu’à 700 000 euros, dont une moitié au moins destinée à financer le stock initial de marchandises.

La Foir’Fouille revendique 2,6 millions d’euros de chiffre d'affaires moyen par magasin, Centrakor 1,6 M€, Totem Family 1 M€ et Marché aux Affaires 800 000 €.