Les centres autos, comme les acteurs de la réparation rapide, souffrent de divers maux et notamment de la baisse du pouvoir d’achat. Mais ils savent réagir, en particulier en démultipliant leur offre de services.
Un marché de l'après-vente auto tendu…
Selon la dernière étude de Xerfi France sur “La distribution de pneus, pièces et accessoires automobiles”, le marché des équipements automobiles est à l’arrêt. En 2012, les ventes de ce secteur ont stagné et ce, pour la première fois depuis une décennie, hormis en 2009. Selon le baromètre CNPA, l’activité des réseaux de réparation rapide affiche un recul de 3 % pour le premier trimestre 2013.
Dans ce contexte macro-économique, les automobilistes réalisent des arbitrages et ont tendance à reporter, voire annuler, leurs achats d’équipements automobiles non indispensables. Par ailleurs, la prime à la casse, même si elle a pris fin en 2010, a retiré plus d’un million de véhicules anciens du marché qui étaient de bons “clients” pour les centres autos. Certes, ces acteurs ont bénéficié de la libéralisation du marché qui permet aux conducteurs de faire réparer et entretenir leur véhicule hors réseau constructeur sans perte de garantie. Mais cela ne suffit pas à inverser la tendance.
… et une croissance atone pour les réseaux
Sans grande surprise, les résultats de l’an passé n’ont guère été brillants. “2012 a été une année de stabilité et nous nous attendons à une croissance également flat en 2013. Nous avons véritablement commencé à ressentir les effets de la crise au cours du second semestre 2012, constate Alejandro Ganzarain, directeur réseaux de Feu Vert. Le client opère des arbitrages et s’offre moins d’accessoires.”
Chez Speedy, l’analyse est contrastée. “Sur le réseau corporate, on suit la tendance générale, à savoir une croissance nulle. Et sur le réseau franchise, à périmètre identique, notre croissance est de 3 à 4 %, souligne le directeur général René Prévost. La différence vient notamment du fait que le franchisé peut être plus réactif et prendre une décision immédiate, par exemple sur un rabais.”
Point S a connu une croissance nulle l’an dernier, “mais nous parlons à périmètre constant, assure Christophe Rollet, directeur général de l’entreprise. Nous sommes en progression si l’on prend en compte les points de vente qui nous ont rejoints. La rentabilité de nos franchisés est d’environ 5 % du chiffre d’affaires”. De son côté, Midas assure avoir connu une légère croissance de son activité l’an dernier.
Des stratégies anticrise diversifiées
Même son de cloche chez Point S : “Depuis 18 mois, nous avons arrêté les communications discount en dépit d’un contexte économique difficile. Nous ne sommes pas du tout convaincus que ce n’est que par le prix que nous pourrons conserver nos clients et en amener de nouveaux dans nos points de ventes”, assure Christophe Rollet.
A l’inverse, Feu Vert mise sur les prix : “Auparavant, nous faisions des opérations promotionnelles ponctuelles ; désormais, nous pratiquons une politique de prix bas toute l’année. Nos prix ne sont pas supérieurs à ceux des pure players sur Internet”, assure Nicolas Pontet, responsable du développement.
L’e-commerce n’est pas l’ennemi
Sur le site de vente en ligne de Feu Vert, le client choisit de se faire livrer ou de récupérer son produit dans un centre. La majorité des consommateurs choisirait cette seconde solution pour profiter du conseil de spécialistes. “Internet nous permet donc d’orienter de nouveaux clients vers nos centres et non l’inverse”, estime Alejandro Ganzarain.
Chez Point S, l’orientation est tout autre. “Nous préférons nous concentrer sur les marques premium. C’est pourquoi nous n’avons pas développé de site internet B to C et que nous ne voulons pas être prestataires de service des spécialistes du e-commerce”, explique Christophe Rollet.
Pour sa part René Prévost, directeur général de Speedy, regarde les nouveaux acteurs du e-commerce avec un certain recul. “Plutôt que les sites d’e-commerce, notre vraie concurrence ce sont les réseaux traditionnels, concessionnaires, agents et MRA (Mécaniciens, réparateurs, etc.) et nous sommes 10 à 15 % plus bas qu’eux. Mais, nous sommes toutefois conscients que les franchisés ont besoin d’une certaine marge pour faire vivre leur entreprise”, souligne-t-il.
Concurrencer les réseaux constructeurs
Stratégie identique chez Midas. L’ensemble des centres aura été relooké fin 2013. Cette nouvelle image devrait permettre à l’enseigne de se repositionner sur un plan qualitatif et de mieux concurrencer les réseaux constructeurs. La diversification est le cheval de bataille de la majorité des enseignes. Feu Vert propose aussi de nouvelles prestations techniques en cours de déploiement dans les centres, comme l’embrayage ou la courroie de transmission.
Vers une inéluctable uniformisation ?
Pour résister, la diversification des métiers au sein des réseaux semble indispensable. “Tout le monde cherche des services et des produits complémentaires aux siens. Beaucoup ont fait le tour de leur concept. Nous allons vers une offre globale au sein de nombreuses enseignes”, estime le directeur général de Point S. Selon Christophe Rollet, le principal vecteur de choix du consommateur sera alors la notoriété de la marque.
Aujourd’hui, une dizaine de stations Point S sont en cours de passage au concept centre auto et l’enseigne recrute aussi pour ce format. Depuis deux ans, elle a d’ailleurs développé une quarantaine de produits sous sa marque, en MDD, comme des plaquettes de freins ou des batteries.
Speedy diversifie également ses prestations afin de mieux concurrencer les centres autos qui, eux-mêmes, ont élargi leur offre de services.
Feu Vert, de son côté, propose 130 prestations de réparation rapide dont la révision garantie constructeur préservée. Le groupe a lancé depuis peu les centres Feu Vert Services, qui ne font que de la réparation rapide. Ce concept a vocation à monter en puissance assez vite. Vingt-trois sites sont déjà opérationnels dont un en franchise, ouvert fin 2012. Six nouvelles unités auront été inaugurées d’ici fin 2013 et une dizaine est prévue par an en 2014 et 2015.
Des développements en franchise mesurés
Midas compte pour sa part 321 unités dont 277 en franchise. 20 centres auront été créés d’ici la fin de l’année et 2014 devrait connaître la même tendance. Norauto totalise 342 centres dont 94 en franchise. Son rythme de développement est de 8 à 10 ouvertures par an avec une majorité des créations en franchise.
Le réseau Feu Vert compte 310 unités dont 180 franchises. De 10 à 15 nouveaux centres devraient ouvrir d’ici la fin de l’année. “Notre objectif est d’atteindre environ 340 unités dans les années à venir”, précise Alejandro Ganzarain, directeur réseau de l’enseigne.
De son côté, Speedy comptera fin 2013, une vingtaine de centres supplémentaires, ce qui portera le total à près de 490.