Après avoir tutoyé les sommets, le commerce de la cuisine équipée est redescendu sur terre. Ce qui n’empêche nullement les réseaux de franchise du secteur d’afficher de solides ambitions de développement.
Finies « les années folles de la cuisine », comme les qualifie Elodie Coutand, directrice générale d’Ixina France (on se souvient du +20 % enregistré par la distribution en 2021 !). « Nous sommes revenus, en 2023, sur une dynamique de marché plus classique, reprend-elle, avec un facteur « budget » qui est plus présent dans l’esprit des consommateurs. » Certes en hausse de 10 % vs. 2019, le CA du secteur s’est replié de 6 % en valeur à fin juin 2023 sur un an, selon l’Ipea (Institut de la Maison). « Le marché ralentit par rapport à ces trois dernières années, il est notamment pénalisé par la situation de l’immobilier, en net repli, que ce soit dans l’ancien ou le neuf », confirme Arnaud Allantaz, directeur de l’enseigne SoCoo’c. « L’inflation pèse aussi lourdement sur le budget des ménages, poursuit Philippe Muguet, responsable expansion chez Schmidt Groupe (enseignes Schmidt et Cuisinella). Et après la période Covid, les Français réinvestissent dans les loisirs. »
Mais aucune raison de paniquer : « Notre secteur de la cuisine équipée offre encore un fort potentiel de développement, poursuit Elodie Coutand. Nous n’en sommes qu’à 65 % de taux d’équipement en France. » Et pour les entrepreneurs qui veulent s’y lancer en franchise, les enseignes et les modèles ne manquent pas !
Objectifs 250 magasins pour Ixina
A commencer par Ixina. Dans le giron du Groupe FBD, ce réseau, positionné « cœur de marché » avec un panier moyen (PM) compris entre 6 000 et 10 000 € (pose et électroménager compris) affiche ses ambitions : compter, à terme, 250 magasins en France, contre 186 dénombrés à ce jour. « Nous ouvrons, en moyenne, une dizaine de nouveaux magasins par an », détaille la directrice générale de l’enseigne. Déployée nationalement, Ixina s’intéresse en priorité, pour son déploiement, au Grand Est de la France, au Nord et aux départements du centre, sur des zones de chalandise comptant au minimum 70 à 90 000 ménages. En plus de son format de magasins classiques (soit 350 m²) installés en zone d’activité commerciale, la franchise Ixina développe, comme il en existe déjà 6 à Paris, des points de vente de centre-ville d’une centaine de mètres carrés au sein des agglomérations. « Pour nous rejoindre en franchise, il faut un investissement total compris entre 400 et 450 000 €, poursuit Elodie Coutand. Nous accueillons divers profils : les spécialistes de la cuisine, les revendeurs de l’ameublement ou encore les entrepreneurs des univers du service (assurance, par exemple), qui ont la fibre commerciale et managériale et, en plus, l’énergie et la motivation pour bien comprendre notre marché. » Autre enseigne du Groupe FBD, Cuisine Plus poursuit pareillement son développement en franchise. Rencontré en mars dernier sur Franchise Expo Paris, son directeur Franck Ecalard confiait : « Fin 2023, nous compterons 75 points de vente. Notre objectif est de franchir le cap des 100 unités à horizon fin 2025. Et à plus long terme, notre prévision est d’atteindre, au maximum, les 150 unités implantées sur le territoire. »
SoCoo’c cultive « le made-in-France accessible à tous »
Poids lourd du secteur, le Groupe Fournier entend pareillement grandir. D’une part avec son enseigne historique, Mobalpa. Comptant plus de 240 points de vente en France, avec un maillage conséquent du territoire, celle-ci, déclare-t-elle dans un communiqué, « propose de nombreux secteurs géographiques disponibles pour l’implantation de magasins, d’environ 350 m². » Et d’ajouter : « Nous affichons de belles ambitions côté ouvertures, avec la volonté d’accroître notre présence sur le territoire français, en Espagne, en Belgique et en Suisse ». Toujours chez Groupe Fournier, le recrutement de cuisinistes affiliés s’opère également via sa franchise SoCoo’C. « Côté consommateur, l’ambition que nous cultivons est le made-in-France accessible à tous », déclare Arnaud Allantaz. Comptant 75 magasins succursalistes (« ces unités sont pour nous des laboratoires où nous testons de nouveaux projets et éprouvons notre concept », précise le directeur du réseau), SoCoo’C aura ouvert, cette année, 14 nouvelles adresses en franchise, pour atteindre les 189 unités. « Nous sommes toujours inscrits sur une belle dynamique de développement, reprend le directeur, avec un rythme de 15 ouvertures par an. » Objectif à terme : s’appuyer sur 270 magasins, avec des projets à concrétiser notamment dans l’est du pays et en région parisienne. « A Paris, nous pouvons encore ouvrir 4 à 5 points de vente d’environ 150 m². Et y compris dans les autres grandes agglomérations, comme Lyon, avec ce format compact », précise Arnaud Allantaz. Quant aux formats plus classiques du réseau (des pavillons de 300 m² en zone commerciale), ils réalisent en moyenne un CA annuel de 2 M€ HT, pour une rentabilité de 8 % et un retour sur investissement sur 3 ans. « Nous ouvrons la franchise So’Cooc à tous, y compris les équipes de vente (pour un investissement total de 1 000 euros/m², ndlr). Nous formons parfaitement nos futurs franchisés. A condition d’avoir l’esprit du commerce et du management », conclut le directeur.
Cap sur les centres-villes pour Cuisinella
Retenons également deux derniers exemples de spécialistes de la cuisine qui affichent leurs ambitions de déploiement en franchise : Schmidt et Cuisinella (Schmidt Groupe). « Ces 3 dernières années, nous avons ouvert 120 magasins, 70 Schmidt et 50 Cuisinella, dénombre Philippe Muguet, dont une année 2022 record, avec 45 ouvertures. » Pour l’avenir, l’appétit de Schmidt Groupe demeure identique : couvrir de nouvelles régions en France, dont l’Ile-de-France (« où il nous reste une cinquantaine de zones », selon le responsable expansion du groupe), la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, la région PACA ou encore la Normandie. Recensant, à ce jour, 675 magasins (350 Schmidt et 325 Cuisinella avec des PM respectifs de 8 000 et 6 000 €), le groupe alsacien vise, à terme, les 1 000 unités. « Notre maillage des grandes villes est de plus en plus important, notamment avec Cuisinella, reprend Philippe Muguet. En zone commerciale, nous avons réduit la taille de nos magasins grâce au digital. Nous y privilégions les surfaces de 300 m², contre auparavant 500 à 600 m². » Quant aux investissements à prévoir, ils sont de 250 à 450 000 € pour ouvrir un Cuisinella et de 300 à 500 000 € pour développer un Schmidt.
La cuisine est devenue « stratégique » pour Lapeyre
La cuisine équipée aiguise aussi l’appétit des multi-spécialistes de l’aménagement de la maison. Illustration avec Lapeyre. « Ce marché, très porteur, est devenu pour nous stratégique, au point de réaliser 20 % de notre activité, confie Benoît Arnaud, directeur franchise de l’enseigne. Nous fabriquons tous nos meubles, aussi bien en kit que montés, dans notre usine du Cantal. » Déployée en propre (132 pavillons), l’enseigne a pris, cette année, un nouveau virage en s’ouvrant à la franchise. « Nos premières ouvertures en affiliation commenceront en 2024, soit 8 points de vente, poursuit Benoît Arnaud. Pour 2025, nous visons 25 créations. » Il ajoute : « Nous avons identifié, en France, 150 zones blanches, aussi bien dans les sous-préfectures que dans les grandes communes, que ce soit en centre-ville, en retail park, ou en zones commerciales et artisanales. » Pour les entrepreneurs novices en équipement de la maison qui souhaitent rejoindre Lapeyre en franchise, une formation de 6 mois leur est dispensée. Quant à l’investissement total, il faut compter 1 000 €/m², soit 600 000 € pour être à la tête d’un magasin de 600 m², le format moyen d’une unité Lapeyre.
Hygena veut décoller en franchise
Repris en 2015 par le Groupe Fournier et relancé en franchise depuis 2021, le réseau Hygena, qui déploie une offre de cuisines en kits, comptait, en mars dernier, deux franchisés, à Saint-Quentin (02) et Antibes (06). « En 2023, nous ouvrirons des points de vente à Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et en Ile-de-France », indiquait, sur Franchise Expo Paris 2023, Sébastien Lelieur, le directeur de l’enseigne. Pour 2024, ses ambitions sont d’inaugurer 12 magasins, pour en compter « une trentaine » fin 2025. Les entrepreneurs qui souhaitent la rejoindre en franchise doivent prévoir un investissement à partir de 275 000 €. Hygena déclare vouloir ouvrir des unités dans les principales grandes villes du pays.