Les dirigeants du commerce coopératif et associé restent confiants en l'avenir malgré le manque de reconnaissance de notre modèle.
Comme chaque année, la Fédération du Commerce coopératif et associé, que vous présidez, a interrogé ses dirigeants d'enseignes sur les tendances, les évolutions et les perspectives d'avenir du commerce coopératif et associé. Quels sont les principaux résultats du Baromètre 2015 ?
Le Baromètre du moral des dirigeants de la FCA est un baromètre qualitatif : nous interrogeons, sous forme de table-ronde téléphonique, une trentaine de chefs d’entreprises, tous également propriétaires de magasins, qui dirigent des coopératives adhérentes de la Fédération, représentant 19 000 points de vente.
Dans la dernière édition de ce sondage, nos chefs d’entreprises expriment de l’optimisme, car nous sommes théoriquement en sortie de crise et ils ont confiance en leur capacité de rebond, leurs structures, leurs entreprises. Même au plus fort de la crise, ils exprimaient de l’inquiétude mais aussi de l’optimisme.
Leur inquiétude vient d’un manque de reconnaissance de notre modèle de la part des dirigeants français et même d’une certaine défiance vis-à-vis de nos structures, illustrée par la loi Macron, en particulier l’amendement Brottes, soutenu par le Président de l’Autorité de la concurrence. Alors que nos groupements jouent un rôle de premier plan : à cet égard, il est intéressant de noter que dans le top 100 des entreprises coopératives établi en janvier par l'organisation Coop FR, 25 sont des coopératives de commerçants. Et qu’en 2015 comme en 2014, la croissance du commerce coopératif et associé a été trois fois supérieure à celle du commerce de détail.
Vous avez récemment déclaré que la réforme du dispositif ISF/PME était « une injustice pour les PME coopératives » : pourquoi ?
D’une manière générale, l’instabilité réglementaire qui prévaut dans ce pays est difficilement conciliable avec une vision à long terme. En l’occurrence, le dispositif ISF/PME donnait à toute personne redevable de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) la possibilité d'investir dans le capital de toute PME en bénéficiant d'une réduction de l'ISF de 50 %, plafonnée à 45 000 euros. Or, la loi de finances rectificative de 2015 prévoit une limitation drastique aux entreprises en création de moins de sept ans d’existence, touchant ainsi un grand nombre d'acteurs du commerce coopératif et associé.
Concrètement, dans la coopérative d’opticiens Atol que je préside, la société d’investissement Archipel est mise en difficulté par ce nouveau dispositif, car elle n’est plus en création. Donc il n’y a plus d’incitation fiscale à investir dans cette société, plus de défiscalisation possible pour les investisseurs potentiels.
Vous pointez du doigt le manque de reconnaissance des pouvoirs publics : quelles sont vos attentes ?
L’instabilité réglementaire touche toutes les entreprises, mais le manque de reconnaissance de notre modèle nous oblige à expliquer inlassablement aux banquiers, aux assureurs, aux Chambres de commerce d’industrie (et aux journalistes) comment il fonctionne.
Ainsi, la plupart des coopératives ont un capital variable qui n’est pas revalorisé dans le temps, donc les fonds propres des coopératives sont assez faibles de manière générale. En conséquence, si une coopérative veut investir de façon forte dans un outil de production, elle doit présenter la garantie de ses adhérents : ce n’est pas normal, donc nous travaillons pour que cela change.
Autre exemple : la Loi Hamon sur l’Economie sociale et solidaire, qui concernait indirectement les coopératives, a introduit la révision obligatoire tous les 5 ans, pour toutes les coopératives, de leurs principes coopératifs, c’est qui est un point positif. Mais c’est aussi une nouvelle exigence réglementaire qui freine nos organisations, sans tenir compte de l’univers concurrentiel dans lequel elles évoluent. Un système plus simple reste à mettre en place, qui permettrait à tout membre de la coopérative de s’assurer que la gestion de cette dernière est bien en accord avec ses intérêts.