Si notre nouvelle enseigne Brico//Usine rencontre le succès escompté, nous pourrions envisager de dupliquer le modèle, pourquoi pas en franchise
Après l’avoir développée très discrètement, vous venez de dévoiler une toute nouvelle enseigne, Brico//Usine. En quoi est-elle susceptible, comme vous l’estimez, de révolutionner la distribution de produits de bricolage ?
On connaît, dans le domaine du bricolage, trois modèles de distribution. D’abord les magasins discount, qui se caractérisent par des prix bas mais une qualité souvent discutable, ensuite les grandes surfaces de bricolage (GSB) traditionnelles et leur ticket de caisse, disons-le, de plus en plus élevé, et enfin les sites de vente par Internet, séduisants mais pas toujours hyper fiables. Avec cette nouvelle enseigne, dévoilée il y a 15 jours à Clermont-Ferrand, nous créons une quatrième voie : celle d’un magasin proposant, toute l’année, 20 000 références de produits de qualité à prix plancher. Mais attention, uniquement à ses adhérents. Car Brico//Usine est un club : l’accès au point de vente est réservé aux porteurs de la carte B//U. Cette carte est vendue entre 19 € et 149 €, selon la durée de validité choisie par le client (de 7 à 365 jours d’accès au magasin). Et c’est sur elle que repose la rentabilité du concept.
Quel déploiement envisagez-vous pour cette enseigne ? Pourrait-elle remplacer des magasins Bricorama existants, franchisés notamment ? Ou vos points de vente discount Batkor ?
Clermont-Ferrand est un test. Avant d’étendre et de commercialiser le concept en franchise, il faut que nous en validions la pertinence. Autrement dit que nous vérifiions si les Français sont prêts à payer pour accéder aux produits et services que nous leur proposons. Nous ne tirons pas, pour l’heure, de conclusion hâtive. D’ici à 6 mois, nous verrons simplement si le magasin a démarré… ou pas. Si le succès est au rendez-vous, en effet, nous pourrons envisager de dupliquer le modèle, pourquoi pas en franchise. Et notamment pour transformer la poignée de magasins qui ne rencontrent pas aujourd’hui, sous la bannière Bricorama, la rentabilité espérée. Si les ventes de cartes ne décollent pas, en revanche, il nous faudra revoir notre copie. Et oublier ce nouveau concept pour nous concentrer sur l’amélioration de notre modèle historique Bricorama, qui lui aussi subit actuellement des tests dans plusieurs magasins, avec entre autres un resserrement autour de rayons phares et une nouvelle identité visuelle.
Quant aux magasins Batkor, la diminution progressive de leur nombre [de 10 unités en 2007 à 4 en 2010, Ndlr] a pu laisser croire à leur disparition. Mais ce petit réseau est à nouveau rentable, et voit son chiffre d’affaires progresser régulièrement. C’est pourquoi nous n’excluons pas de le déployer à nouveau, parmi d’autres axes stratégiques multi-enseignes, envisageables à l’avenir.
Les GSB ont connu une progression de 0,2 % de leurs ventes en 2009. Qu’en a-t-il été de Bricorama ? Quels sont les projets de votre enseigne en franchise ?
Globalement, le secteur du bricolage a été sous pression en 2009. Et cette année sera sans doute, elle aussi, difficile. En valeur, les ventes seront probablement au mieux étales à fin 2010. Toutefois, nos magasins progressent, à surface comparable, plutôt mieux que le marché.
Côté développement, Bricorama fédère aujourd’hui en France 92 succursales et 28 franchises. L’objectif est d’en compter environ 50 à l’horizon 2014. Jusqu’ici nous progressions chaque année de 2 à 3 points de vente, nous souhaitons donc accélérer. Sachant que nos cibles ont quelque peu changé à cause de la Loi de Modernisation de l’Economie (LME) et de la réduction des délais de paiement. Dorénavant, en effet, et financement du stock de départ inclus, il faut disposer de 300 à 400 000 € pour ouvrir le moindre petit point de vente. Ce qui nous amène à nous tourner plutôt vers des industriels ou des négociants installés que vers des particuliers candidats à l’investissement. J’ajoute que nous continuerons aussi à nous développer à l’étranger. Où nous avons en particulier des contacts avancés pour 5 ouvertures de magasins en Turquie.