Les sociétés d’Hapsatou Sy, créatrice de la chaîne Ethnicia, ont été placées en redressement judiciaire. A l’instar de plusieurs entités franchisées de la chaîne. La médiatique fondatrice du réseau se déclare toutefois optimiste.
Les deux sociétés d'Hapsatou Sy, Beauty Révolution International et H & SY, sont en redressement judiciaire depuis, respectivement, le 23 janvier et le 14 février 2013. Regroupant cinq établissements à Paris et Puteaux La Défense sous enseigne Ethnicia puis HapsatouSy, elles ne publiaient plus de comptes depuis 2007.
La plupart des unités franchisées, créées notamment en 2011, ne sont pas en meilleure posture. Après Strasbourg le 19 septembre 2012, c'est Nice qui a été déclarée en liquidation judiciaire le 7 février. Les salons d'Orléans, Lyon, Lille et Corbeil (91) ont été placés, eux, en redressement judiciaire ces dernières semaines, même si certains ont été repris par le franchiseur.
Deux autres salons franchisés parisiens dans le 1er et le 9è, sont récemment sortis du réseau. Enfin, sur son site, la chaîne précise qu'elle ne recrute plus de franchisés pour l'Hexagone.
Le concept était pourtant séduisant. Avec son approche globale de la beauté proposée à une clientèle multi-ethnique haut de gamme. Mais la rentabilité n'a pas été au rendez-vous pour les franchisées.
« Le mélange des genres ne fonctionne pas, explique un observateur avisé du secteur. Même les meilleurs coiffeurs comme Franck Provost se sont essayés sans succès à marier coiffure et esthétique. »
Également mis en cause : le poids des investissements de départ (250 à 300 000 euros), des locaux en emplacement numéro 1 de 170 m² et plus, assortis de loyers et de charges de personnel en proportion. Et la recherche de candidates dépourvues parfois de moyens financiers et d'expérience de l'entreprise.
Les franchisées n'ont pas atteint la rentabilité
« Je vais me battre, comme toujours », affirme pour sa part la fondatrice du réseau. Pour qui « le concept a tout pour être viable et rentable avec des taux de revente (des produits) et un panier moyen très satisfaisants. »
Hapsatou Sy admet en revanche l'échec de son projet de faire réussir 100 femmes avec sa franchise. « J'ai voulu accompagner des femmes qui avaient un cursus proche du mien, à savoir partir de pas grand-chose pour devenir chef d'entreprise (…). Or, tout le monde ne peut pas devenir entrepreneur. Certaines partenaires ont eu tendance à tout attendre de moi. » Résultat, « dans les salons franchisés, la gestion et la relation-clients (n'étaient) pas au top ».
La dirigeante qui prétend avoir « investi de sa poche les 250 ou 300 000 euros nécessaires au lancement de chaque dossier monté en franchise » et « avoir apporté des cautions personnelles sur chacun d'eux » le reconnaît cependant : elle n'a « peut-être pas assez bien appréhendé les besoins en trésorerie des (franchisées) pour permettre à leurs salons de monter progressivement en puissance. »
Hapsatou Sy affirme regrouper aujourd'hui sous sa marque « 1 salon franchisé et 13 en direct ». Elle explique qu'elle aurait désormais « récupéré l'intégralité des points de vente et leurs dettes ». Soit plusieurs millions d'euros, dont trois résultant des « impayés de franchisés ». Ajoutant que « certaines anciennes franchisées sont devenues managers de succursales ».
Persuadée qu'elle va « sortir la tête de l'eau », et ce « avec des associés », elle se donne pour objectif de restructurer sa société et « d'amener ses 13 salons à la rentabilité. »
Une chose est sûre : même porté par une personnalité particulièrement médiatique, un concept séduisant ne suffit pas pour réussir à développer un réseau de franchise pérenne.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet