Confronté à de nombreux départs et aux difficultés financières d’une partie du réseau, Happy nomme un franchisé à la tête de l’enseigne. Avec la délicate mission de rétablir la confiance.
Les franchisés Happy n'ont pas tous le sourire. Depuis trois ans, les départs ont été nombreux. Le réseau, qui revendiquait 73 magasins franchisés en France en octobre 2011 en est réduit aujourd'hui à 43. Des procédures sont en cours.
Selon l'avocat Patrice Mihaïlov, qui conseille une cinquantaine de franchisés du groupe Monceau Fleurs, « le mouvement risque de continuer car un tiers des franchisés Happy est en difficultés financières ».
En question selon lui, entre autres : les prix trop élevés pratiqués pendant plusieurs années par la centrale d'achats du groupe. Prix qui demeurent encore à un niveau trop important selon ses clients, malgré l'arrêt de la centrale et son remplacement par le référencement des fournisseurs.
« Résultat, une partie des franchisés ne parvient toujours pas à se rémunérer et doit injecter de l'argent pour éviter le dépôt de bilan, précise l'avocat. Beaucoup de Happy sont de toute façon trop petits, en province notamment ».
« Nos charges fixes (loyers + emprunts) sont très importantes, souligne un franchisé. Les emplacements numéro 1 de centre-ville nécessités par le concept ont des valeurs locatives très élevées. Trop élevées pour les marges dégagées ».
« Au début, les chiffres ont été bons, liés à l'effet nouveauté, commente un autre. Mais très vite, les prix de vente sont devenus moins attractifs, tandis que l'on s'apercevait de la nécessité d'embaucher du personnel qualifié et pas de simples vendeuses. Ce qui a encore réduit nos marges ».
« Nous avons souffert du manque de professionnalisme de l'équipe, résume-t-il. Qu'il s'agisse de la qualité des produits, de la logistique ou des conditions d'achat ».
De 73 à 43 magasins franchisés en trois ans
Nommé directeur de l'enseigne le 18 août, Benjamin Lamblin admet certes « des erreurs », mais avance d'autres explications.
« Happy a été victime de son succès », lance ce franchisé qui, depuis 2009, développe avec de bons résultats un Monceau Fleurs et un Happy (« sur 25m² « ) à Maisons Alfort (94). « Beaucoup de candidatures de franchisés ont été acceptées. Et nous avons sans doute manqué de pédagogie ».
« Le bel écrin noir de nos magasins pouvait laisser croire qu'il allait suffire, comme dans la cosmétique, d'installer les produits en rayons pour qu'ils se vendent. Nous avons sous-estimé ce risque ». Alors que, pour réussir, une grande présence, une rigueur de gestion et une équipe du métier sont nécessaires.
Conscient des difficultés et même de la colère d'une partie des franchisés, Benjamin Lamblin se fixe pour première mission de « stabiliser le réseau ». S'il s'attend à deux autres départs (pour deux ouvertures en cours), il sait aussi qu'une dizaine de contrats arrivent cette année à échéance.
« Nous voulons conserver ces points de vente », affirme le nouveau responsable. « C'est donc à nous de répondre aux attentes des franchisés. Ils veulent des nouveautés et que l'on prenne en compte leurs remarques sur ces nouveautés. C'est ce que nous allons faire ».
Dans cette perspective, le dirigeant annonce sa décision d'évoluer vers « une boutique de cadeaux floraux« , manière de « retourner aux origines » avec un concept « urbain, décalé et atypique ».
Un comité d'enseigne de 8 franchisés (en forme ou non et « ne comprenant pas de barons ») se réunira le 17 septembre pour en débattre. Et le 15 octobre, tous les franchisés découvriront dans le détail les évolutions prévues lors d'une réunion nationale.
Franchisé historique, le nouveau dirigeant de l'enseigne, qui « croit beaucoup à la force de la marque » réussira-t-il à redonner le sourire au réseau ? La réponse ne devrait pas tarder.