Le marché de la transaction immobilière semble en pleine mutation : entre les scénarios divergents quant à l’évolution des prix et l’offensive des banques qui procèdent par rachats, quel avenir pour les réseaux et leurs franchisés ?
Tous les professionnels s’accordent pour le reconnaître : le rythme de hausse des prix des logements anciens s’est assagi en 2006 (+7,1 %, contre +10,5 % en 2005, selon la Fédération nationale de l’immobilier). Les derniers chiffres disponibles le confirment : les prix ont enregistré une baisse de 0,6 % en janvier 2007, soit un rythme annuel de progression de +6,8 %, qui pourrait se maintenir pendant les prochains mois.
Scénario privilégié par les agents immobiliers et les notaires, le « ralentissement de la hausse » ne fait cependant pas l’unanimité. Selon le baromètre BIPE/Empruntis.com, les prix pourraient baisser de 2 % dès 2007. Une étude du cabinet Precepta (groupe Xerfi) va même jusqu’à pronostiquer « le scénario noir d’un krach » qui verrait les prix refluer « sensiblement à partir de 2007, de l’ordre de 25 % à l’horizon 2010 »… A l’instar de Jean Lavaupot, directeur exécutif d’Era France, les agents immobiliers ne croient pas beaucoup à un recul des prix : « A supposer que la hausse se poursuive sur un rythme de 7 % par an, une baisse de 25 % en 2010 signifierait un retour au niveau de prix actuel ! »Pénurie de l’offre, attractivité des taux d’intérêts, allongement de la durée des crédits : les raisons ne manquent pas pour miser davantage sur un assagissement que sur un effondrement du niveau des prix. Même si, sur le terrain, les agents immobiliers reconnaissent que le marché se tend : « On constate un étirement entre le prix souhaité par les vendeurs et la capacité des acquéreurs. Il existe un prix de marché : s’il n’est pas respecté, on ne vend pas. » Ces tensions et le durcissement de la concurrence expliquent en partie les rapprochements intervenus ces derniers mois.Lors du rachat début 2006 de Century 21 France (850 agences) et Guy Hoquet (500) par le promoteur immobilier Nexity, les dirigeants des réseaux concernés avaient en partie motivé l’opération par la nécessité de résister à la concurrence des banques. De fait, ces dernières ont, depuis, multiplié les initiatives : rachat fin 2006 par le groupe Caisse d’Epargne de 34 % du capital d’Arthur Communication, qui distribue la licence de marque Arthur l’Optimist (450 agences en France) ; reprise, annoncée début 2007 par le Groupe Banque Populaire, de 60,93 % du capital de Foncia, leader français des services à l’immobilier résidentiel…
Jusqu’aux discussions exclusives engagées le 12 février dernier entre Nexity et les Caisses d’Epargne, en vue de leur rapprochement visant à constituer « un grand pôle immobilier » côté en Bourse. Si l’opération n’a pas encore abouti et ne concerne qu’indirectement les réseaux de franchise filiales des deux entités, elle augure d’une recomposition du paysage dans les prochaines années. Reste à savoir quelles peuvent en être les conséquences pour la corporation des agents immobiliers, en particulier pour les franchisés qui l’exercent -ou se préparent à l’exercer- sous enseigne. « Cela peut faire du mal à la profession, reconnaît Jean Lavaupot. Reste que la transaction immobilière est un vrai métier et que pour l’instant, les banques n’ont pas prouvé leur capacité à rentabiliser cette activité. »
Le risque majeur serait en effet que les établissements bancaires, qui visent avant tout à capter la clientèle des acquéreurs pour leur proposer des crédits, incitent leurs réseaux d’agences à se battre sur le taux de commission, au détriment de leur santé financière.