Le lancement d’Atol Access et Atol Depuis 1970 correspond à notre volonté de segmenter notre offre pour satisfaire toutes les familles de consommateurs
Après le lancement d’un nouveau concept magasin pour Atol, vous engagez la segmentation de votre offre avec deux nouvelles enseignes. Pourquoi ?
Depuis le lancement du nouveau concept magasin d’Atol, aujourd’hui adopté par 40 boutiques tandis que 120 autres sont en cours de transformation, nous avons en effet mis en test deux nouvelles enseignes : Atol Access et Atol Depuis 1970.
L’idée est de segmenter notre offre pour satisfaire toutes les grandes familles de consommateurs. Les chasseurs de prix, par exemple, représentent 34 % des acheteurs de lunettes. Or, nous n’étions pas du tout sur le segment, laissant ainsi filer un nombre considérable de clients potentiels, notamment parmi les jeunes. C’est pour eux que nous avons créé Atol Access. Il y a aussi les 24 % de « fashion victims », des citadins sensibles au style, au look, à la mode. Là encore, nous ne pouvions les ignorer, d’où la naissance d’Atol Depuis 1970.
A quels profils de coopérateurs et à quelles zones de chalandises sont destinés ces concepts ?
Atol Depuis 1970 s’adresse à nos opticiens présents en centre-ville, qui aiment vendre de belles lunettes et estiment avoir la clientèle pour. Le modèle est testé à Clamart, sur 80 m², depuis la mi-octobre. Et il sera déployé sur les Champs Elysées, Galeries des Arcades – celle où est Starbucks – au premier trimestre 2019. Puis, si ces essais se révèlent concluants, au fil des opportunités.
A vrai dire, je nourris beaucoup plus d’ambitions pour Atol Access, notre concept premium accessible, marché sur lequel nous avons une énorme manne à prendre. Actuellement en test à Saint-Paul-lès-Dax, il présente l’avantage de pouvoir sans problème cohabiter dans la même ville, voir dans le même centre commercial, qu’un Atol classique, grâce à une offre foncièrement différente puisque constituée uniquement ou presque de marques propres, avec des forfaits montures + verres allant de 39 à 150 €.
Quels résultats ont-ils donné à ce jour ? Quelles sont précisément vos ambitions en matière de développement ?
Le nouveau concept des magasins Atol a fait ses preuves puisqu’en moyenne, les opticiens qui l’ont adopté ont enregistré 7,6 % de croissance de leur chiffre d’affaires, soit trois fois plus que le réseau dans sa globalité (+ 2%) et 6 à 7 fois plus que le marché de l’optique, qui est flat. Nous avons créé 30 magasins cette année. Sachant qu’en parallèle 10 ont fermé et 10 nous ont quitté, notre parc Atol est désormais constitué de 780 unités.
Nous allons ouvrir gentiment 4 à 5 magasins Atol Access dans les deux ans à venir, sur différents types d’emplacements. Et verrons quels sont leurs résultats. Ce qui est certain c’est que le concept, conçu autour d’un module de présentation unique en semi-kit, est 50 % moins cher à mettre en place qu’un magasin classique.
Où en est le projet Carrefour Optique et Audition ?
Carrefour a en effet confié fin 2017 à Atol la mission d’ouvrir des magasins Carrefour Optique et Audition dans ses galeries marchandes. Un concept premium économique, comme Atol Access. Mais totalement multicanal et avec quelques spécificités, dont une offre de lunettes disponibles en 45 minutes. Le projet suit son cours : les deux premières inaugurations auront lieu début 2019. Là aussi, nous passerons par une phase de tests, avec six créations probablement en tout sur l’année. Mais déjà 120 de nos coopérateurs ont postulé pour ouvrir des magasins.
A propos de multicanal, quelle est l’avancée d’Atol sur le sujet ?
Et bien nous atteindrons au 30 juin 2019, soit un an avant la fin de notre plan stratégique, une omnicanalité totale. Chaque opticien aura alors la possibilité de mettre en ligne tous les produits qui sont dans son magasin. Chaque client bénéficiera lui d’un espace privé via lequel il pourra essayer virtuellement des montures, e-réserver, prendre rendez-vous, consulter son historique d’achats et éventuellement acheter en ligne. Des lentilles, partout, et des lunettes de soleil, si l’opticien concerné le décide. Pour l’heure, en revanche, nous n’ouvrirons pas la vente en ligne des lunettes optiques. Ce qui ne nous empêchera pas, par exemple, de généraliser leur livraison à domicile, soit en quelque sorte une forme de click and collect inversé.
Quand sauterez-vous le pas de la vente en ligne de lunettes de vue ?
Professionnels de la santé visuelle, nous considérons en l’état ne pas pouvoir faire le même travail en digital qu’en magasin. Cela ne nous empêche pas de tester des technologies, de rencontrer des start-ups, de prendre des options pour être prêts le moment venu. Et je reste convaincu que ce moment viendra. Après, nous fonctionnons de façon démocratique, il nous faudra donc obtenir l’aval de nos associés. Pour l’heure, il y a des résistances, internet étant évidemment et à juste titre perçu comme une menace pour notre activité physique. Mais j’ai confiance. Les opticiens Atol ont toujours été clairvoyants. Le jour où 10 % de consommateurs seront susceptibles de basculer sur le web, ils se lanceront. Et cela participera sans doute de la pérennité de notre activité physique.