Alors que le nombre global de points de vente de pain, boulangeries et terminaux de cuisson, ne cesse de régresser, les réseaux sous enseignes, eux, se développent. Mais la surabondance de chaînes et la concurrence qui en résulte risquent de rebattre les cartes.
Une première génération arrivée à maturité
Mais l’activité a engendré de belles réussites, dont les plus anciennes ont émergé dans les années 80 : Paul, bien sûr, développé majoritairement en succursale, La Mie Câline (plus de 200 unités en franchise), mais aussi d’autres comme Histoire de Pains, Le Fournil de Pierre, racheté en 1989 par le groupe Le Duff, Les Fromentiers (une centaine d’implantations) ou encore Secrets de Pains.
Sont ensuite apparus quelques réseaux proposant une gamme courte de pains : Céréa, créé en 1998 dans la région Centre par Rémi Bonnot (18 boulangeries aujourd’hui, dont 15 en franchise), le Moulin de Païou apparu en 2005 et repris en 2009 par le groupe Forest (24 unités), ou encore Le Grenier à Pain (30 magasins).
De nouveaux acteurs modernes et organisés
Boris Calle a ainsi lancé son concept Augustin (6 implantations) dans l’agglomération rennaise en 2007. Il cherche désormais à le dupliquer en franchise, de manière raisonnée, avec deux à trois ouvertures par an. Une unité de fabrication centralisée, dénommée August’unit, en cours d’implantation à Chateaugiron, doit permettre d’accompagner cette expansion.
Tandis que Le Fournil des Provinces annonce, trois ans après son lancement en franchise, ses premières ouvertures hors de Bretagne. Au total, la chaîne (9 unités) devrait doubler de taille en 2015.
De son côté, Firmin, développé en franchise à partir de 2011, regroupe 35 magasins et cible la quarantaine de points de vente pour la fin de l’année. L’enseigne, qui reposait au départ sur un format de terminal de cuisson, a achevé, en 2014, la conversion de son réseau au pétrissage.
Enfin Les Fournils de France est un terminal de cuisson d’origine parisienne, qui veut désormais s’étendre à toute la France (dans les villes de plus de 60 000 habitants) avec des partenaires franchisés. Le concept ne nécessite qu’une surface réduite. La tête de réseau se fixe un objectif d’une cinquantaine d’unités d’ici 7 ans.
Ce tableau ne serait pas complet si l’on ne citait pas la jeune enseigne haut de gamme Feuillette qui a choisi d’accueillir les consommateurs dans un espace de restauration “cosy” avec des fauteuils en cuir et une cheminée en pierre de taille ; mais aussi Borea qui se veut “le premier réseau de boulangerie orientée bien-être et naturalité”, ou encore la petit chaîne de boulangeries de village L’Orepi.
A la conquête de la périphérie
Et il faut mentionner, même si elle ne s’est développée jusqu’ici qu’en propre – mais a annoncé travailler activement à un projet de franchise – Marie Blachère. Depuis sept ans, les boulangeries éponymes poussent comme des petits pains dans les zones commerciales : elles étaient 240 début 2015 ! Indépendantes ou adossées au concept Grand Frais, leur modèle repose sur des surfaces de 200 m² avec 20 places de parking et une équipe de 12 à 15 salariés. L’enseigne développe une politique commerciale agressive, avec des prix bas et de nombreuses offres incitant le consommateur à multiplier ses achats (“une baguette offerte pour trois achetées”). La mécanique fonctionne d’autant mieux que la tendance à recourir à la congélation du pain au sein des ménages progresse.
Privilégier la qualité des implantations
Certains réseaux, relevant du commerce organisé ou pas, risquent aussi d’être touchés. Pour l’heure, chacun d’entre eux multiplie les initiatives marketing et les concepts attractifs et peaufine son positionnement (centre-ville, périphérie, haut de gamme, low cost, etc.).
La plupart restent sereins, comme Pierre Tenier, directeur général délégué des Fromentiers : “Nous entendons privilégier la qualité de nos implantations mais nous ne visons pas une croissance effrénée”.
Mais David Giraudeau, directeur général de La Mie Câline, est conscient du danger : “Il est certain qu’une bataille est engagée et que l’expansion rapide de Marie Blachère va faire mal”. La Mie Câline, dont le nouveau concept “Atelier Pains & Restauration” s’implante également en sortie de ville, compte, pour sa part, sur son positionnement de proximité et sur le snacking pour résister.
Le marché du pain en chiffres
Si beaucoup font confiance aux 33 000 boulangeries artisanales disséminées sur l’ensemble du territoire, le nombre de celles-ci diminue inexorablement : elles étaient plus de 45 000 en 1970. Avec un chiffre d’affaires de 11 Mds€, elles produisent plus de 70 % du pain distribué, soit plus d’un million et demi de tonnes de pain par an.
La part des réseaux ne cesse de croître. Leur poids est toutefois d’autant plus difficile à estimer que tous accordent une part plus ou moins importante au snacking, créneau du grand marché de la restauration rapide (46 milliards d’euros en 2014,
selon Gira Conseil).
L’activité snacking atteindrait aujourd’hui, selon les chiffres publiés par Sandwich & Snack Show, 40 % du chiffre d’affaires des boulangeries en réseau.