Six ans après son lancement, la franchise Chocolats Roland Réauté est dans l’incertitude. La faute surtout à la conjoncture ou à la stratégie de développement ? Les avis divergent.
Que s'est-il passé ? Pourquoi l'enseigne Chocolats Roland Réauté est-elle placée depuis le 4 mars sous procédure de sauvegarde pour 6 mois ?
Tout semblait indiquer au départ, en 2009, que les conditions du succès étaient réunies : un marché globalement en forme, un industriel reconnu dans sa région, des produits appréciés, un positionnement original, des magasins rentables, une franchise de distribution lancée après 10 ans d'expérimentation, une dirigeante décidée à apprendre le métier de franchiseur et conseillée par un cabinet réputé, etc.
Et pourtant 6 ans après le lancement de la franchise, ce réseau parvenu à une soixantaine d'unités se retrouve dans l'incertitude. Avec un développement désormais en suspens, une société de production fragilisée (9 millions d'euros de dettes en 2013 pour 1,1 million de capitaux propres), une proportion croissante de succursales (27 sur 59) et des sociétés franchisées loin d'être toutes en forme.
Comment en est-on arrivé là ?
La faute à la conjoncture, selon l'enseigne…
Pour la direction de l'enseigne Roland Réauté, les causes des difficultés actuelles sont multiples :
- hausse des prix des matières premières (cacao),
- poids des investissements réalisés dans l'usine de chocolats en 2009 dans la perspective d'une expansion importante,
- baisse, intervenue depuis, du nombre de candidats à la franchise (et des droits d'entrée les accompagnant, 55 000 euros par nouvel entrant),
- enfin (mais non la moindre sans doute) baisse de la fréquentation des magasins, accentuée en 2014.
Des raisons liées selon elle pour l'essentiel au contexte économique général. Et à l'endettement de l'entreprise.
… Et à la stratégie suivie, selon certains franchisés
L'analyse, côté franchisé, met en cause d'autres facteurs :
- le manque de notoriété de la marque Roland Réauté en dehors de sa région d'origine,
- d'où des chiffres d'affaires souvent éloignés des 800 000 à 1,8 M€ réalisés en 2009 par les magasins historiques de la chaîne (650 800 euros en moyenne par établissement pour les franchisés qui les ont publiés en 2013 après au moins deux exercices),
- mais aussi la course aux ouvertures (pour prendre des places face à la concurrence et faire tourner l'usine) avec, par exemple, l'inauguration d'un deuxième, voire d'un troisième magasin dans une même ville aux dépens du point de vente déjà implanté. Ou des choix d'emplacements discutables dans des retails parks peu chers mais peu fréquentés,
- enfin le taux de marge de 37,5 %, jugé trop peu motivant. Même si la chaîne a, sur ce point, fait à plusieurs reprises des efforts qui n'ont toutefois pas suffi ni satisfait tous les franchisés.
Quel avenir pour le réseau ?
Alors quel peut être l'avenir du réseau Chocolats Roland Réauté ?
La direction espère trouver rapidement un partenaire financier, un investisseur (ou un repreneur ?). Mettant en avant son savoir-faire, son outil industriel, son positionnement et ses capacités d'exportation, elle veut croire à son futur.
Côté franchisé, on reconnaît que les fondamentaux sont là. Les chocolats sont bons, l'idée de les vendre en grande surface (300 m² en périphérie) est bonne aussi, entend-on dans le réseau. Et même, nombre d'emplacements auraient encore du potentiel.
Avec davantage de renouvellement dans l'offre-produits et d'esthétique dans le packaging, la remontée est jugée possible par les plus optimistes.
D'autres y croient moins. Le réseau retient son souffle. Les mois qui viennent seront décisifs.