L’entretien-réparation complète son maillage territorial

Une progression de 4 % par an jusqu’à 2025. Telle était la projection que faisait, il y a un an, le cabinet Xerfi sur l’évolution du chiffre d’affaires en France du secteur de l’entretien et de la réparation automobile. « 2023 a certes été une année de croissance pour le secteur, mais dans un contexte tendu », constate aujourd’hui Jean-Pierre Barnier, directeur du développement de l’enseigne Speedy. A la source de ces tensions : la baisse du pouvoir d’achat des Français, liée au contexte inflationniste qui a fait atterrir le marché sur une dynamique volume « en légère progression sur les douze mois de 2023 », reprend un autre acteur de poids du secteur.

Euromaster : 100 % des contrats renouvelés en 2023

Une année de « tension », certes ; mais une année de croissance toute de même pour la filière. C’est ce que nous ont confirmé plusieurs réseaux développés en franchise. A l’image de Midas qui, par la voix de Sébastien Etienne, son directeur développement et concepts France, a affiché en 2023 une hausse de son CA réseau à deux chiffres, et ce pour la 2^ème année consécutive. « Nous bénéficions, d’une part, du vieillissement du parc automobile, avec un âge moyen des véhicules qui atteint désormais 12 ans contre 10 ans il y a encore peu, explique-t-il, puis des incertitudes des Français qui s’interrogent sur le type de véhicules à acheter : une thermique ? Une hybride ? Une électrique ? » (38 millions de véhicules ont été vendus l’an passé, en hausse de 0,4 %). Même dynamique de croissance, l’an passé, chez Euromaster. « Nous avons soldé 2023 sur une très bonne année, confirme Bruno Barré, son responsable franchise. Ce qui s’est traduit par le recrutement de 25 nouveaux franchisés et par le renouvellement de 100 % des contrats de nos franchisés. » Chez Speedy, on se félicite également d’avoir « globalement progressé », à la faveur d’une vingtaine de créations en franchise (« nous avons doublé nos créations de points de vente en 2023 versus 2022 », indique Jean-Pierre Barnier), auxquelles se sont ajoutées une vingtaine d’ex-succursales qui ont basculé en affiliation. Début 2024, Speedy s’appuyait sur 500 unités à travers la France, dont 277 en franchise, et annonçait avoir réalisé un CA réseau proche des 300 M€, en progression de 5 à 6 %.

Speedy se lance dans le deux-roues

Pour 2024 et à un horizon « moyen terme », les réseaux du secteur de l’entretien et la réparation automobile affichent toujours de solides ambitions de développement. C’est notamment le cas de Speedy. « Pour cette année, nous avons une bonne vision de nos perspectives de déploiement, avec toujours une vingtaine d’adresses à ouvrir, poursuit son directeur développement, notamment dans les villes moyennes du pays où nous ne sommes pas encore présents, à l’image du Sud-ouest. » Le développement en multi-franchise est également privilégié par l’enseigne. « L’avantage d’être multi-franchisé, c’est de pouvoir mutualiser ses ressources, notamment au niveau du back-office, surtout dans un contexte de tension sur les marges tel que nous le vivons à l’heure actuelle », appuie Jean-Pierre Barnier. Les multi-franchisés chez Speedy doivent néanmoins « avoir fait leurs preuves avant de lancer une nouvelle agence et disposer d’une assise financière solide », précise-t-on au sein du réseau. « Aussi, il faut être en capacité de « lâcher » pour un temps son premier point de vente pour se consacrer entièrement au lancement du second », prévient le directeur du développement. Outre l’entretien et la réparation des automobiles, Speedy développe depuis peu un nouveau segment de marché : l’entretien des deux-roues. La chaîne a déployé un nouveau service d’entretien multimarques des deux-roues motorisés, thermiques ou électriques, avec ou sans rendez-vous, dans deux de ses centres auto situés à Paris : boulevard Diderot (12^ème arrondissement) et avenue de Versailles (16^ème). « Nous avons aussi signé un partenariat avec le loueur de scooters électriques Zeway afin d’accompagner leur service après-vente, puis avec la marque d’automobiles électriques Fisker, également pour assurer leur SAV », complète le directeur du développement. On notera enfin les ambitions de Speedy dans l’activité « vitrage » par l’intermédiaire d’une prestation en mobilité réalisée par ses centres existants, avec l’objectif d’en compter rapidement une cinquantaine. « Speedy se déploie au moyen de deux formats, rappelle Jean-Pierre Barnier. Un premier avec des centres classiques, qui requièrent, par unité, un investissement total compris entre 250 et 350 000 euros, et un deuxième en format compact rattaché à une station-service, pour un budget de 15 à 20 000 €. »

Midas veut être leader de la mobilité douce en centre-ville

Reposant sur 365 centres en France (dont 96 % en franchise), Midas prévoit d’accueillir en 2024 une vingtaine de nouveaux franchisés. « 2023 a été l’occasion, pour nous, de resserrer les mailles, en ciblant mieux nos futurs partenaires franchisés et en optimisant nos taux de conversion, indique Sébastien Etienne. L’an passé, plusieurs dossiers ont aussi été refusés à cause de la frilosité des banques. Heureusement, les crispations se dissipent. Nous sommes aussi bien aidés par notre réseau de courtiers qui ont su reprendre en main certains dossiers. Nous prouvons que notre modèle est viable. » Ses objectifs sont les suivants : ouvrir, à horizon cinq ans, une centaine de centres de plus, en priorité au Nord-ouest et au Sud-est de la France. Pour rejoindre Midas en franchise, il n’est pas requis d’être un expert de l’automobile. En revanche, « il faut avoir la fibre commerçante, l’esprit d’entreprendre et être gestionnaire de projets », ajoute Sébastien Etienne. Et prévoir un investissement total de 250 000 €, avec un apport personnel d’au moins 30 %. Midas s’engage également sur les mobilités douces électriques avec l’objectif d’en devenir « un acteur incontournable dans les centres-villes », affirme son directeur développement. Pour y parvenir, l’enseigne a développé son concept Cycloo, qui « est une brique supplémentaire de nos centres », poursuit ce dernier. Et d’ajouter : « Nous visons une dizaine de Cycloo avant l’été 2024, pour y déployer les activités de vente, de location et de réparation. »

Euromaster nourrit également de fortes ambitions de développement en franchise. « Nous visons, fin 2024, les 200 franchisés, contre 177 à ce jour, table Bruno Barré. Pour 2028, nous prévoyons d’atteindre la barre des 250 centres en affiliation (le réseau compte aussi 260 succursales, NDLR) en ciblant en priorité les grosses métropoles où il reste encore beaucoup de potentiel pour s’y installer. » La force d’Euromaster, par rapport à ses concurrents, c’est aussi de déployer, via son concept « Business Pro », une solide offre de services pour les utilisateurs de poids lourds et de véhicules agricoles, à tel point que la moitié du parc de l’enseigne la propose aujourd’hui à ses clients. « Nous recrutons en franchise des professionnels de l’automobile : des agents de marques qui veulent changer de métier ou bien des garages indépendants qui veulent s’adosser à une enseigne nationale. Nous réalisons très peu de création de centres », précise le responsable franchise. Avant de conclure : « Notre autre force, c’est de pouvoir nous installer aussi bien en centre-ville, en zone commerciale qu’en zone industrielle. » Avec la possibilité de réaliser, en vitesse de croisière, un chiffre d’affaires annuel par franchisé compris entre 800 000 et 1 million d’euros.

Point S rachète Etape Auto et s’associe avec OuiGlass

Fin janvier 2024, Point S a annoncé avoir absorbé Etape Auto (49 centres en franchise). « En reprenant Etape Auto, Point S Group accentue son maillage territorial et renforce sa position de leader des marchés du pneu et de l’entretien automobile », souligne le repreneur. Fin février, un partenariat a aussi été scellé entre Point S et OuiGlass, spécialisé dans la réparation et le remplacement de vitrage. « Une opportunité de développement sur les clients grands comptes », explique la tête de réseau.