Après une année 2023 stable, le marché du bricolage en France repartirait à la hausse en 2024. Outre ses deux leaders succursalistes, il pourra compter sur de nombreux acteurs en franchise qui affichent de solides ambitions de développement.
Après deux années 2020 et 2021 de croissance exceptionnelle (un CA « secteur » en progression respectivement de 9 % et 11 %) car inscrites dans cette ère Covid si propice aux dépenses pour l’aménagement de son intérieur, le marché français du bricolage-jardinage « a marqué le pas en 2022 », font savoir les auteurs d’une étude publiée en février 2023 par le cabinet Xerfi Precepta. A 45,3 Mds €, il s’est ainsi affiché en légère hausse de 1,2 % par rapport à 2021. Mais avec des volumes « qui ont reflué », poursuit-on au sein du cabinet précité. « La situation, en 2022 sur notre secteur, s’est normalisée, confirme Sabine de Bartillat, directrice du développement au sein du Groupe Mr. Bricolage, avec un retour à des niveaux de ventes « plus classiques ». » Mais elle ajoute : « Notre marché a tout de même fait preuve d’une bonne résilience. Plus que jamais, la maison est restée une valeur refuge pour de nombreux Français. »
Une année 2023 de consolidation
Avec, rappelle-t-on chez Xerfi Precepta, 37,4 millions de logements, 13 millions de jardins et 7 millions de terrasses et balcons à entretenir sur le territoire, nul doute que le secteur du bricolage-jardinage a encore, dans l’Hexagone, de beaux jours devant lui. La preuve : après une année 2023 de consolidation qui devrait voir le chiffre d’affaires du marché se stabiliser (-1 % versus 2022), les auteurs du cabinet Xerfi Precepta pronostiquent que « l’activité des distributeurs [de la filière bricolage-jardinage] rebondira de 3,5 % en 2024, à 44,6 Mds € » grâce, notamment, à « l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages », au « redressement des ventes de logements » et à « la bonne tenue du marché de l’entretien-rénovation. »
Outre les deux enseignes succursalistes Leroy Merlin (143 unités, 9 Mds € de CA en 2021 et 25 % de parts de marché détenues) et Castorama (92 magasins, 3 Mds € de CA en 2021) qui dominent le marché français et appartiennent respectivement aux groupes Adeo et Kingfisher, deux autres acteurs animent le commerce du bricolage en France. En s’appuyant, cette fois, sur le développement de magasins avec à leurs têtes des entrepreneurs indépendants : Le Groupement Les Mousquetaires, avec ses trois chaînes Bricomarché, Bricorama et Brico Cash ; et le Groupe Mr. Bricolage.
Mr. Bricolage : la proximité dans son ADN
Avec, au 28 février 2023, 908 points de vente sous enseignes ou affiliés, dont 318 magasins sous pavillon Mr. Bricolage, le Groupe Mr. Bricolage (qui déploie également une centaine d’adresses sous enseigne Les Briconautes) affiche ses ambitions pour l’avenir : compter 1 100 points de vente à horizon 2025. « Pour 2023, nous tablons sur une vingtaine d’ouvertures en France de magasins Mr. Bricolage », complète Sabine de Bartillat. Ne comptant dans son réseau, depuis juillet 2019, que des unités en franchise, Mr. Bricolage s’appuie sur 5 formats de magasins : City (moins de 300 m2), S (entre 1 000 et 1 500 m2), M (environ 2 500 m2), L (environ 3 500 m2) et XL (environ 4 500 m2). Mais tous ont dans leurs gènes le même ADN, selon sa direction, et ce depuis la création du groupement en 1965 : un positionnement axé sur la proximité, grâce au travail de commerçants indépendants. « Le commerce de proximité, qui s’appuie sur les notions de services, d’information et d’accueil auprès des clients, signe un retour en force dans le paysage du commerce, observe la directrice du développement de Mr. Bricolage. Et sur ce terrain, qui nous engage également à être présent à moins de 20 minutes de tous les Français, nous avons, au sein du groupe, une longueur d’avance par rapport à nos concurrents. »
« S’ancrer dans un métier de terrain »
Quatre piliers, qui ont pour vocation de « créer la relation et de guider [le client] vers la transaction », structurent le modèle de l’enseigne Mr. Bricolage, qui peut, par ailleurs, se déployer dans toutes les zones de chalandises existantes (zones rurales, périphéries de communes, centre-ville…) : « Le Fond de Maison » (soit le référencement de tous les produits dont on a besoin pour entretenir et rénover son logement), « Les Solutions Inventives » (pour trouver des idées pour sa maison grâce à des avis d’experts), « L’Entraide » (l’idée du partage d’infos et de conseils entre clients) et « La Déliverie » (récupérer en magasins une commande, se faire livrer…). Pour rejoindre Mr. Bricolage en qualité de franchisé (et détenir une part du capital du Groupe), « il faut être un bon gestionnaire, autonome et dynamique, et partager nos valeurs de proximité pour pouvoir participer à nos actions communes », détaille Sabine de Bartillat. « L’une des particularités fortes de notre réseau est que nous recrutons de plus en plus de jeunes entrepreneurs », observe Louise Chaulin, à la direction de la communication corporate et de la transformation du Groupe. Soit autant de nouveaux adhérents qui sont « en quête de sens et qui veulent, à travers le commerce, s’ancrer dans un métier de terrain », poursuit Louise Chaulin. Sabine de Bartillat ajoute : « On peut se lancer en franchise avec Mr. Bricolage en investissant, au départ, entre 150 et 200 000 €. »
La « Nouvelle Expérience Client » des Mousquetaires
Le Groupement Les Mousquetaires assure, avec ses trois chaînes de magasins Bricomarché, Bricorama et Brico Cash, avoir, au sortir d’une année 2022 étale en CA, « maintenu ses parts de marché ». Et ce, grâce notamment à « l’ouverture de 72 000 m2 de surface de ventes supplémentaires pour nos enseignes dédiées à l’équipement de la maison », indique Thomas Sauvage, chef d’entreprise Intermarché à Nantes et codirecteur de la cellule recrutement au sein du Groupement Les Mousquetaires. Fort, depuis 2021, d’un nouveau concept ominicanal, baptisé « Nouvelle Expérience Client », axé sur l’accompagnement personnalisé et qui a « pour ambition d’inspirer, de guider et d’accompagner les clients vers la réussite de leurs projets », les magasins du pôle Équipement de la Maison du Groupement Les Mousquetaires seront, en 2023, en plus grand nombre : « Nous prévoyons, au global pour nos trois enseignes, 67 000 m2 de surfaces supplémentaires », indique (sans préciser dans le détail à quels réseaux seront affectés ces mètres carrés en plus) Charles Trocmé, chef d’entreprise Bricomarché à Orgeval et Villiers, en charge du recrutement des enseignes « Equipement de la maison » au sein du Groupement. S’appuyant sur une nouvelle activité de pose de cuisines équipées, d’équipement de salles de bains et d’aménagement extérieur, les enseignes du groupe affichent notamment de « fortes velléités de développement en zone urbaine », poursuit Charles Trocmé, et ce « en région parisienne et dans les grandes métropoles du pays. » A ce jour, on recense en France 478 Bricomarché, 119 Bricorama et 50 Brico Cash. « Pour nous rejoindre en franchise, il faut avoir un profil de chef d’entreprise, de préférence dans l’univers du commerce, indique Thomas Sauvage. En revanche, il n’est pas indispensable de venir de l’univers du bricolage. Nous assurons à tous nos nouveaux adhérents une formation préalable de 5 mois en alternant 15 jours au siège du groupement et 15 jours en magasin avec un adhérent. » Un investissement minimum de 100 000 € est requis pour ouvrir un point de vente Bricorama et Bricomarché, contre 200 000 € pour déployer une unité Brico Cash, enseigne qui s’adresse, davantage que les deux autres, aux professionnels du bâtiment et aux bricoleurs lourds.
Ventes en ligne : retour en force du commerce physique
Le parc des GSB en France comptait, en février 2023, 2 160 points de ventes, selon une étude du cabinet Xerfi Precepta. Outre la vente en magasin, ces commerces se sont, ces dernières années, de plus en plus appuyés sur les ventes en ligne. « La crise sanitaire a accéléré les stratégies digitales des distributeurs de bricolage-jardinage, explique-t-on chez Xerfi Precepta. Leurs ventes en ligne ont ainsi fortement augmenté et certains sites (Leroy Merlin, Bricomarché et Bricoman) se sont même dotés d’une place de marché. » Conséquence du déploiement de ces « stratégies digitales » : la montée en puissance, ces dernières années, des pures players (dont Mano Mano) « a été freinée », relève Xerfi Precepta. Si bien que « Leroy Merlin peut s’enorgueillir d’être le premier e-commerçant sur son marché. »