Dans les neuf mois, nous serons capables de dire si nous pouvons ouvrir Krispy Kreme à la franchise en province.
Wagram Food Service vient d’ouvrir son capital au groupe Eram et à Bpifrance, via son fonds France Investissement Tourisme 3 : pouvez-vous nous en dire plus sur les objectifs de cette opération ?
Notre premier objectif est de consolider et d’asseoir la stratégie définie en 2019, quand nous avons décidé de développer d’autres marques en complément de Columbus Café & Co, ce qui a été fait sur fonds propres, avec Copper Branch en 2020 puis Krispy Kreme en 2023. Pour mener à bien cette stratégie, nous avions décidé dès 2019 d’ouvrir le capital de façon minoritaire, ce qui est fait désormais.
Notre objectif est également de structurer l’entreprise. Historiquement, Wagram Food Service développe la marque Columbus Café & Co, qui fonctionne bien depuis un certain temps, mais cette opération nous permet d’accueillir de nouveaux actionnaires avec des compétences qui nous manquaient, et qui vont pouvoir accompagner la croissance de l’entreprise.
Bpifrance nous accompagnait déjà au travers de ses différents services, que ce soit en France ou à l’international. Mais l’entrée à notre capital de leur fonds France Investissement Tourisme 3 nous apporte une rigueur et une ouverture sur la partie financière que nous n’avions pas.
Quant au Groupe Eram, il développe notamment l’enseigne de prêt-à-porter Gémo, qui est un de nos franchisés depuis plus de dix ans, puisqu’en 2013, un coffee-shop Columbus Café & Co a ouvert en shop in shop dans un magasin Gémo à Caen Mondeville. Même si Eram est plutôt spécialisé dans le textile, c’est comme nous un groupe actif dans le retail qui a su durer dans le temps avec des hauts et des bas, qui a su se structurer, puisqu’il génère aujourd’hui plus d’un milliard d’euros sur ses différentes activités, et qui a su s’internationaliser avec des succès et des échecs. Au final, cette opération nous permet d’accueillir autour de la table des gens bienveillants, qui ont une expérience, tant en termes d’organisation qu’en termes de commerce, que nous n’avions pas forcément.
En quoi cette opération va-t-elle consolider votre stratégie de développement pour la marque Columbus Café & Co ?
Notre ambition pour Columbus Café & Co, qui comptera bientôt 300 points de vente, est de passer à 480 ou 500 implantations sous cinq ans. Sur la France, le développement s’auto-finance, mais nous allons désormais bénéficier de l’expertise organisationnelle de nos nouveaux actionnaires, et aussi de l’intervention de Bpifrance auprès de nos franchisés en termes de co-garantie, quand ils empruntent auprès des banques.
Pour l’international, cette opération va nous permettre de lancer le développement prévu en Europe de l’Est, avec la Pologne. Et peut-être aussi d’accélérer au Canada, où nous avons aujourd’hui 20 points de vente dont 12 en succursales, financés sur nos fonds propres, qui fonctionnent bien. En nous permettant de renforcer nos fonds propres si nous voulons continuer à ouvrir des succursales, ou d’être plus « bankable » au Canada pour accompagner nos franchisés. Notre expansion en Pologne se fera aussi sur un mix succursale-franchise et avec un partenaire local, master-franchisé ou associé.
Quelle est votre stratégie de déploiement pour l’enseigne Copper Branch ?
Copper Branch est actuellement présente en France et aux Pays-Bas, et démarre son expansion au Moyen-Orient, avec un partenaire local. L’ouverture du capital nous permet d’assurer la continuité et le développement en France, qui est peu capitalistique. Notre objectif est d’ouvrir douze points de vente en France sur les dix-huit mois glissants, c’est-à-dire d’ici fin 2025, sur des surfaces entre 70 et 120 m², plutôt dans les grandes villes pour commencer. Nous avons déjà un restaurant en succursale : s’il fallait en ouvrir un autre nous le ferions, mais nous prévoyons plutôt de mener ce développement en franchise, sur notre modèle historique.
Pour Copper Branch, nous recherchons des profils de franchisés proches des franchisés Columbus Café & Co : des commerçants, pas forcément issu de la restauration, mono-site ou multisites. Qui devront prévoir 300 000 € d’investissement initial, dont 80 à 10 000 € d’apport personnel.
Et où en est l’implantation en France de la marque d’origine américaine Krispy Kreme ?
Krispy Kreme a ouvert son premier point de vente producteur aux Halles fin décembre 2023, puis trois kiosques de 15 à 50 m² à Saint-Lazare, Marne-la-Vallée et gare de Lyon. Nous ouvrirons quatre autres kiosques d’ici fin juillet, et le réseau devrait compter une vingtaine de sites à fin 2024. Une deuxième unité de production ouvrira entre septembre et fin octobre : elle est prête aujourd’hui, mais nous attendons d’avoir ouvert le nombre de kiosques requis pour avoir le volume.
Dès le départ, nous nous sommes laissé une période de dix-huit mois à deux ans pour valider le modèle à Paris, car Krispy Kreme se développe selon un modèle de « hub », avec un magasin producteur et des kiosques qui distribuent. En fin d’année, nous pourrons dire si nous lançons le développement en franchise ou si nous poursuivons en succursale un peu plus longtemps. Mais en tout cas, dans les neuf mois, nous serons capables de dire si nous pouvons ouvrir Krispy Kreme à la franchise en régions.
La livraison a commencé à se déployer en février dernier à Paris et les premiers points d’accès [ou corners, Ndlr] commenceront à ouvrir au second semestre 2024, essentiellement dans des hypermarchés et des supermarchés, ou dans des stations d’autoroutes. Nous ciblons plutôt des points de vente qui seront sur nos tournées, où l’on pourra donc distribuer des produits frais tous les jours.
Le modèle de Krispy Kreme est multicanal avec la production, des points d’accès à l’enseigne, des points d’accès en grande distribution, et de la livraison : nous aurons couvert l’ensemble de ces canaux au troisième trimestre et, d’ici fin 2024, nous aurons pu tester l’ensemble des points de distribution et des modèles. Nous aurons alors une cartographie assez précise de ce qui peut être développé en province.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet d’intégrer de nouvelles marques ?
L’un des objectifs de notre ouverture de capital est en effet d’accueillir de nouvelles enseignes dans l’univers de la restauration rapide et des produits gourmands, sucrés ou salés, en mass premium, que nous pourrions déployer dans toute la France, en centre-ville comme en centres commerciaux, et si possible distribuer en supermarchés.
Il s’agira soit d’implanter en France une nouvelle marque internationale importante en master franchise, soit de monter au capital d’une entreprise existante qui développe déjà en France une enseigne, française ou internationale. Nous ciblons pour cela des concepts de restauration rapide de proximité à laquelle nous croyons et qui auraient envie d’accélérer…