Quelle approche avez-vous choisie pour aider vos franchisés à lutter contre l’inflation ? Quel a été l’impact de la conjoncture sur votre activité ? Dix franchiseurs ont répondu à nos questions : voici leurs témoignages.
L’intégralité de ces interviews sous forme de podcasts est à retrouver ici
Antoine Barat, fondateur, Eat Salad
Il n’y a pas beaucoup d’approches à avoir, si ce n’est faire preuve de bon sens et de patience en étant fidèles et loyaux avec nos fournisseurs, en travaillant avec un système d’appel d’offres pour pouvoir challenger et mettre en concurrence les mieux-disants. Parfois, lorsque le marché était trop tendu, il a fallu trouver des substitutions et remplacer un produit qui avait subi une hausse conséquente par un produit moins soumis à l’inflation. Donc, il faut faire preuve de malice pour avoir une carte toujours adaptée, à la fois à la promesse client et à la rentabilité pour le franchisé ; le tout dans le respect maximum d’un circuit court et d’une consommation éco-responsable.
Fabrice Rimblot, Cofondateur, Green sur Mesure
Chez nous, à l’origine, les formules étaient packagées, comme souvent dans la restauration rapide, de façon exhaustive avec le plat, la boisson et/ou le dessert. Les clients pouvaient choisir n’importe quelle boisson et n’importe quel dessert dans nos gammes, pour un prix unique. L’approche que nous avons choisie, c’est de créer de la modularité dans nos formules, avec des niveaux de gamme pour les boissons et les desserts. De cette manière, le client bénéficie toujours de tarifs avantageux avec une formule plat/boisson et/ou dessert, mais pour sa boisson et son dessert, il peut se positionner, en fonction de son budget, sur l’une des trois gammes que l’on propose. Or le premier niveau de gamme se trouvait un peu en dessous de notre niveau tarifaire pour les formules packagées avant que l’inflation ne s’installe. Cela nous a permis d’aller chercher un marché auquel on ne s’adressait pas : des gens pour lesquels on était un peu trop cher avant et pour lesquels on est devenu aujourd’hui très abordable. Et ces ventes-là sont rentables pour nous, car elles sont tarifées de façon à ce que le coût des matières soit justement répercuté sur le prix de la formule. La deuxième bonne surprise, c’est que notre ticket moyen a grimpé, mais sans que ça soit douloureux pour le client.
Sylvia Touboulic Barreteau, Responsable Pôle Franchise, La Mie Câline
L’avantage que nous avons chez La Mie Câline, c’est que nous sommes non seulement franchiseur, mais aussi producteur pour nos franchisés. Du coup, nous avons quand même la chance de pouvoir maîtriser le modèle économique avec ce triptyque producteur, franchiseur et franchisé. Cela nous a permis d’affronter cette période très inflationniste avec un partage de l’effort. C’est-à-dire que tout le monde a un peu baissé son résultat pour ne pas tout impacter sur le consommateur. Donc le producteur, le franchiseur et le franchisé ont baissé leurs marges, et le client a payé un peu plus cher, mais pas autant qu’il aurait dû si tout le monde avait conservé ses marges. En fait, tout le monde a participé à l’effort pour limiter au maximum l’impact sur le consommateur.
Olivier Lebreuilly, Président, Boulangerie Sophie Lebreuilly
La force de notre modèle, c’est de ne pas être que boulanger, mais d’être un vrai lieu de gourmandises à 360 degrés. La partie pain est importante, mais la partie restauration vient compléter le mix global : c’est ce qui nous a permis d’absorber la hausse des prix de l’énergie. La chance que nous avons aussi, c’est que les clients sont au rendez-vous : même quand nous avons dû augmenter nos prix sur le pain, nous n’avons pas perdu de clients. Nous avons en plus la chance d’avoir dans le réseau une carte de fidélité digitale qui amène 5 % de remise sur leurs achats à l’ensemble des clients, ce qui permet vraiment de les fidéliser dans un contexte inflationniste.
Malik Sediri, Directeur développement, Biocoop
Nous avons la chance d’avoir des filières de commerce équitable qui sont moins sujettes aux crises internationales, à la spéculation sur les matières premières et aux hausses de prix des produits dérivés des hydrocarbures utilisés dans l’agriculture conventionnelle. Donc, d’une certaine façon, nous avons été protégés par rapport à l’inflation. Nous avons quand même perçu la problématique de l’inflation pour les consommateurs : cela les a dirigés vers nos produits étiquetés « Prix engagés », c’est-à-dire ceux qui répondent à un certain nombre de valeurs et qui en même temps sont accessibles en termes de prix. Par ailleurs, avec le Covid, nous avons connu quelques difficultés sur les rayons « vrac » : avec toutes les questions sanitaires, nous avons constaté une anxiété autour de ces produits. Mais aujourd’hui, le geste gagnant autour de la consommation en vrac, avec moins d’emballage et la juste quantité, est un réflexe qui revient chez nos clients.
Stéphane Haug, Directeur du développement, Attila
On pourrait se dire que le marché de la construction est en berne, mais cela concerne principalement les maisons individuelles et l’habitat collectif. Par contre, les bâtiments industriels qui constituent notre cible sont en progression d’à peu près 20 millions de mètres carrés par an. Donc nos courbes d’activité montrent que nous ne sommes quasiment pas, voire pas du tout impactés par ce contexte. De même, pendant le Covid, nous n’avions pas du tout connu de baisse d’activité, bien au contraire. En revanche, compte tenu de la situation sur le marché de la construction individuelle, beaucoup de couvreurs, et de personnes qui ont une compétence sur la toiture, nous rejoignent parce que, justement, leur activité initiale est en baisse.
Guillaume Vandevelle, Responsable développement, Caséo
Nous intervenons sur le marché de la rénovation et le marché du neuf. Le marché du neuf est aujourd’hui plutôt à l’arrêt suite à des décisions politiques, et aux taux d’intérêt élevés qui bloquent les projets immobiliers des particuliers. De ce fait, notre enseigne s’est lancée sur le marché des appels d’offres, avec un accompagnement de nos adhérents par la centrale qui leur permet d’aller chercher des relais de croissance. En parallèle, le marché de la rénovation est très porteur actuellement car la hausse du coût de l’énergie et du chauffage incite les ménages à rénover leurs habitations pour réaliser des économies d’énergie.
Marc Vanhove, Fondateur et dirigeant, Bistro Régent
L’inflation n’a aucun impact sur notre activité parce que Bistro Régent est la seule chaîne de restauration dont le PDG que je suis est aussi acheteur. Quand j’achète, ma force c’est que, comme je suis le PDG, je peux pousser jusqu’au bout la négociation avec nos fournisseurs, et je pense que c’est ce qui fait la force de notre réseau. Sur l’année 2024, nous n’avons subi aucune augmentation, nous n’avons connu que des baisses de tarifs sur près de 80 % de nos produits. Et je crois que nous sommes une des seules chaînes à avoir eu autant de baisses, puisque sur l’année 2024, nous avons gagné trois points de coût matière par rapport à l’année 2023.
Déborah Binisti, Directrice du Développement, Point S
La conjoncture a un impact certain que l’on mesure aujourd’hui sur la partie développement, c’est-à-dire qu’un centre va mettre plus de temps à ouvrir parce qu’il faut un petit peu plus de temps pour convaincre les banques. Notamment pour bâtir le prévisionnel et préparer tous les documents que l’on doit présenter pour que la banque puisse faire confiance à un futur adhérent. De ce fait, le temps nécessaire à la réalisation d’un projet d’ouverture a augmenté d’environ un trimestre.
Marielle Bugeaud, Responsable Développement, Vulco
La conjoncture actuelle a un impact sur le business, mais c’est plutôt un impact positif pour nous puisqu’aujourd’hui, les Français ont plutôt envie d’entretenir leur véhicule et de prolonger sa durée de vie, parce qu’ils n’ont pas forcément les moyens d’acheter un véhicule, ni même de prendre une voiture en leasing. Donc ils vont chouchouter leur voiture pour qu’elle dure le plus longtemps possible. À partir de là, ils vont avoir davantage tendance à se rendre dans les centres autos comme Vulco pour faire réparer leur automobile.