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      Rentabilité : combien gagnent les franchisés ?

      Dernière mise à jour le 7 juin 2021

      Chiffre d’affaires, résultats, revenus : combien rapporte vraiment la franchise ? Nous avons mené l’enquête auprès des têtes de réseaux. Découvrez les tendances tirées des données qu’elles ont bien voulu nous transmettre.

      Sur plus de 500 enseignes se déclarant en phase active de développement, 119 seulement ont bien voulu répondre, à l’été 2015, à l’enquête de Franchise Magazine concernant les chiffres d’affaires, les résultats et les revenus enregistrés en 2014 par leurs franchisés (ou concessionnaires, adhérents, coopérateurs…). C’est peu, bien peu, en regard de la transparence qu’observateurs comme candidats sont en droit d’attendre des têtes de réseaux qui, par ailleurs et sur d’autres sujets, sont autrement prolixes. Mais, on le sait, et particulièrement quand la consommation bat de l’aile : le sujet est sensible.

      Les chaînes qui nous ont transmis des données exploitables couvrent ensemble une cinquantaine d’activités, du lavage auto à la coiffure, en passant par la restauration rapide ou encore le prêt-à-porter enfant. Et représentent en tout 10 719 points de vente en France, dont 7 754 affichant plus de trois ans d’activité. C’est sur les résultats de ces unités, parvenues en vitesse de croisière, que nous les avons précisément interrogées.

      A quel montant s’est élevé le chiffre d’affaires moyen de vos unités franchisées de plus de trois ans en 2014 ? Quel a été leur résultat d’exploitation moyen ? Pour quels revenus nets de vos franchisés ? Telles sont en substance les principales questions qui ont été posées aux destinataires de notre enquête.

      Selon les données recueillies, la moyenne des chiffres d’affaires réalisés en 2014 par leurs 7 754 points de vente de plus de trois ans s’est établie à 629 113 euros (elle était de 678 000 en 2013 et de 697 000 en 2012). La plus petite de ces entreprises indépendante – une franchise de vente de cartes de vœux à domicile – a réalisé 11 000 € de chiffre d’affaires sur l’exercice ; la plus performante – une grande surface dédiée à la puériculture – 5 000 000 €. Entre ces deux extrêmes, autant de situations ou presque que d’enseignes et de franchisés. Mais des tendances qui toutefois se dégagent assez clairement.

      Sans surprise, c’est dans le secteur de l’hôtellerie (l’un de ceux par ailleurs les plus gourmands en montants d’investissement) que le chiffre d’affaires moyen par unité a été le plus élevé en 2014, à 1 913 569 €. Les solderies et bazars ne sont pas loin, à 1 683 333 €, devançant les cuisinistes dont l’activité a, en moyenne, atteint 1 580 000 €. Puis la restauration à thème (brasseries, grills…) qui affiche un chiffre d’affaires moyen par unité de 1 059 770 €. Voilà pour les secteurs “millionnaires”.

      Les enseignes d’achat-vente et de dépôt-vente, qui atteignent 808 750 €, l’automobile (centres autos, lavage, location) 733 333 €, l’optique 669 333 €, la rénovation de l’habitat (fenêtres, vérandas, façades, toitures…) 656 913 € et le commerce alimentaire (boulangeries, terminaux de cuisson, cavistes, produits bio…) qui affiche 629 556 € de chiffre d’affaires moyen par unité, viennent ensuite. Précédant les services à la personne (aide aux personnes âgées, ménage, soutien scolaire à domicile) à 474 000 €, la restauration rapide (pizza, sandwiches) à 411 429 €, les fleuristes
      à 406 250 €, et la remise en forme à 302 667 €.

      Parmi les secteurs représentés dans notre enquête (les services aux entreprises ou aux particuliers, par exemple, ne le sont guère), la beauté (coiffure, manucure, épilation, amincissement) affiche les performances les plus modestes, avec un chiffre d’affaires moyen par unité de plus de trois ans de 242 811 € en 2014.

      Attention, toutefois, rappelle Lionel Chauveton, expert-comptable associé chez In Extenso, à bien comparer ce qui est comparable : “Mettre en balance des chiffres d’affaires moyens n’a de sens qu’au sein d’une même activité. Cela permet alors, si les infos données sont sincères, de mesurer l’attractivité de chaque concept sur le public. Mais, souligne-t-il, rien ne dit que le franchisé d’un petit salon d’esthétique gagnera moins que le patron d’une solderie, même si son chiffre d’affaires est largement moindre. Car tout dépend du capital investi, et des charges (loyer, personnel…) pesant sur son activité”.


      Nous avons également interrogé les enseignes sur les résultats d’exploitation observés dans leurs réseaux. Autrement dit sur ce qu’il reste à leurs adhérents, une fois payés les marchandises, le loyer, les salaires – dont celui du dirigeant franchisé – et les royalties dues au franchiseur (mais avant impôts et frais financiers).

      Pour les 56 têtes de réseaux qui ont bien voulu nous répondre sur ce point, ce résultat d’exploitation s’est établi en 2014 à 49 892 € en moyenne par unité de plus de trois ans. L’entreprise individuelle couverte par notre enquête ayant été la moins rentable en 2014 – elle est issue du secteur de l’ameublement – affiche, selon son franchiseur, une perte d’exploitation de 32 000 € ; la plus performante – un restaurant-grill – un résultat d’exploitation de 440 000 €. Ces extrêmes mis de côté, notons que la majorité des enseignes nous ayant répondu (plus de 30) déclare un résultat d’exploitation moyen compris entre 15 000 et 35 000 €.

      Théoriquement, la franchise étant la duplication d’un concept à l’identique, les résultats d’exploitation devraient peu varier dans un même réseau d’une unité à l’autre. Reste que, selon l’ancienneté ou les variations du concept, l’entreprise franchisée peut se développer en surface de vente (c’est-à-dire en loyers) et en personnel (c’est-à-dire en salaires). Par ailleurs, entrepreneurs indépendants, les franchisés peuvent suivre sur le plan de leur investissement immobilier ou de leur statut social des politiques différentes. Toutes variables qui pèsent sur le résultat d’exploitation.

      Enfin, nous avons interrogé les enseignes à propos des revenus que tirent leurs franchisés de leur activité (salaires et dividendes pour les sociétés, résultats pour les entreprises individuelles). Elles ont été plus de 70, tous secteurs d’activités confondus, à nous répondre sur ce point. Résultat : un revenu annuel moyen par adhérent qui s’établit, selon les cas et d’après leurs déclarations, entre 20 000 et 120 000 euros.

      A noter : dans une majorité de réseaux (41 %), le revenu moyen des entrepreneurs indépendants se situe entre 30 000 et 39 000 €. Un franchisé sur dix gagne moins de 29 000 € par an ; un sur dix encore, entre 40 et 49 000 €. Les franchises les plus lucratives affichent, pour 11 % d’entre elles, un revenu moyen allant de 50 à 59 000 € ; pour 15,5 %, un chiffre compris entre 60 et 79 000 € et pour 8,5 % entre 80 et 99 000 €. Enfin, 4 % des têtes de réseaux revendiquent un revenu moyen annuel par franchisé supérieur à 100 000 €.

      Il faut bien avoir à l’esprit, rappelle Lionel Chauveton, qu’en franchise comme dans toute entreprise, la rémunération s’entend sous différents axes. “Il y a la rémunération directe du patron, sous forme de salaire, de cotisations sociales et d’avantages divers. Il y a la rémunération de son capital, soit le résultat net de sa société rapporté à l’apport personnel qu’il y a investi. Il y a, enfin, un axe plus patrimonial, s’il achète ses murs, par exemple, et se verse des loyers…” explique-t-il. Nous rappelant au passage que l’expert-comptable est un allié indispensable du franchisé souhaitant faire les choix qui lui permettront de monter un projet solide et pérenne.

      Lionel Chauveton, expert-comptable associé chez In Extenso, donne son avis d’expert sur la rentabilité d’une entreprise en franchise :

      « De manière générale, un franchiseur doit connaître le chiffre d’affaires de ses unités franchisées, surtout si elles ont plus de trois ans. Et il ne devrait pas avoir de difficulté à les communiquer.

      Le candidat à la franchise peut compléter ces informations en allant collecter lui-même, sur les sites spécialisés type Infogreffe, les comptes publiés par les franchisés du réseau qui l’intéresse. Il peut aussi prendre contact directement avec certains de ces franchisés. Je recommande en général aux porteurs de projet d’en contacter au moins trois : un “ancien”, en place depuis un bon moment voire multi-site, un autre qui vienne juste de s’installer et enfin un troisième qui soit dans le réseau depuis environ deux ans.

      De manière générale, la performance et la rentabilité d’une entreprise dépendent beaucoup des qualités de son dirigeant. En franchise, l’entrepreneur gagne du temps, exploite un concept éprouvé, bénéficie d’une meilleure force de frappe. Encore faut-il que les gains de rentabilité qui en découlent permettent d’absorber la rémunération du franchiseur.

      Pour autant, d’un franchisé à l’autre du même réseau et y compris en supposant qu’ils aient les mêmes qualités de gestion, le même niveau de chiffre d’affaires, les mêmes marges et la même productivité, les résultats d’exploitation peuvent être différents. Tout dépend en effet du mode de rémunération directe qu’a choisi le chef d’entreprise. L’un préférera ne tirer qu’un petit salaire de son activité mais disposer d’une belle voiture de fonction ; l’autre comptera sur les dividendes plutôt que sur un revenu régulier mensuel.

      Le résultat d’exploitation est donc une donnée intéressante pour le candidat, pour peu qu’elle soit corrigée du retraitement de la rémunération directe et indirecte du franchisé. Là encore, le mieux est de s’entretenir avec des franchisés existants pour comprendre comment ils fonctionnent. »