Les territoires, mot communément utilisé pour décrire ces zones géographiques que l’on distingue d’ordinaire des grandes agglomérations, sont devenus des terres d’accueil privilégiées pour se lancer dans l’aventure du commerce.
La ruralité périurbaine : tel fut identifié, en septembre 2021, par la plateforme web Meilleurs Agents, le nouvel eldorado de l’immobilier résidentiel en France. Une preuve tangible de l’attrait de ces territoires ? La hausse des prix au mètre carré qui y a été constatée sur douze mois, soit +9,4 % à fin septembre 2021, alors qu’en France la progression des prix dans l’immobilier résidentiel affichait, au global, +4,9 % sur le même périmètre.
Le Covid-19 : un accélérateur d’attractivité
Cette attirance pour la « France des Territoires », c’est-à-dire hors des grandes agglomérations du pays (Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille, etc.), s’est-elle également vérifiée, ces derniers mois, auprès des porteurs de projets en franchise ? « Sans conteste », répond Christophe Baraston, délégué général du Club des managers de ville et de territoire, structure qui regroupe près de 300 adhérents (dont 90 % sont installés hors de l’Ile-de-France) et dont la mission consiste à développer l’attractivité des territoires. Et cela, sous l’effet de deux leviers : d’une part, « parce que les managers de centres-villes (ces professionnels qui coordonnent les actions des acteurs en place, et qui facilitent et harmonisent les projets de développement économique des villes) sont à la fois plus nombreux et plus compétents », reprend Christophe Baraston. Et d’autre part, « car la crise du Covid-19 est passée par là : de nombreux Français, une fois les confinements de 2020 levés, ont en effet choisi de s’installer en province ou de revenir dans leur région d’origine. » Avec, pour nombre d’entre eux, dans leurs valises, « des projets entrepreneuriaux solides et de qualité, y compris, bien sûr, dans l’univers de la franchise, et dotés d’apports financiers importants. »
Des villes moyennes au pouvoir d’achat élevé
Le délégué général du Club des managers de ville et de territoire reprend : « Il faut tordre le cou à ce discours de certains franchiseurs – que l’on entend encore trop souvent – selon lequel s’installer en franchise hors d’Ile-de-France ou en dehors des grandes agglomérations dotées de zones de chalandise d’au moins 100 000 habitants n’est pas souhaitable. » Et ce, pour deux raisons. Premièrement, car développer un commerce au sein d’une ville dite « moyenne », c’est avant tout s’installer au cœur d’un territoire, d’un pôle d’attraction, autour duquel gravitent de nombreuses villes d’où émane une forte demande. Deuxièmement, car règne au sein de nombreuses de ces communes « moyennes » un fort pouvoir d’achat. Et Christophe Baraston de citer plusieurs exemples : Annemasse (Haute-Savoie), une cité proche de la Suisse ; Niort (Deux-Sèvres), siège de nombreuses mutuelles ; Besançon (Doubs), capitale de l’horlogerie française à partir du XVIIIe siècle. Ou encore toutes les villes de la Côte d’Azur, de Cassis à Menton.
Et lorsqu’on interroge cet expert sur les aides à l’implantation que sont susceptibles de recevoir les porteurs de projets en franchise dans ces territoires, il répond : « Elles ne sont pas nécessairement d’ordre financier. » Et pour cause : « A cause de la crise du Covid-19, les caisses de nos collectivités sont plutôt en berne… » (A noter, toutefois, que certaines communes sont susceptibles d’offrir aux porteurs de projets des subventions à l’investissement). Il reprend : « En revanche, les aspirants à la franchise peuvent être accompagnés par les managers de centres-villes, que ce soit pour réaliser une demande de prêt bancaire, ou bien trouver un local commercial vacant. »
« Il faut tordre le cou à ce discours de certains franchiseurs selon lequel s’installer en franchise en dehors des grandes agglomérations n’est pas souhaitable. »
Christophe Baraston, délégué général du Club des managers de ville et de territoire
Les pouvoirs publics au cœur de la bataille
Il faut dire aussi que l’attractivité de nos territoires a également été renforcée, ces dernières années, par l’initiative des pouvoirs publics. Un programme, ici, fait référence : Action Cœur de Ville. Lancé en décembre 2017, ce plan quinquennal s’est fixé pour objectif de « revitaliser les villes moyennes (soit des communes entre 20 000 et 50 000 habitants où vit près du quart de la population française) dans tout le territoire métropolitain et ultramarin ». Et ce, via deux leviers : « En facilitant et en soutenant le travail des collectivités locales. » Mais aussi « en incitant les acteurs du logement, du commerce et de l’urbanisme à réinvestir les centres-villes, à favoriser le maintien ou l’implantation d’activités en cœur de ville afin d’améliorer les conditions de vie dans les villes moyennes. »
Au total, 222 communes ont intégré ce programme d’investissement pour lequel 5 milliards d’euros ont été mobilisés à l’échelle nationale, dont 1 milliard d’euros de la Caisse des dépôts en fonds propres, 700 millions d’euros de prêts, 1,5 milliard d’euros d’Action logement et 1,2 milliard d’euros de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Quel bilan dresser du programme Action Cœur de Ville, qui a été prolongé sur la période 2023-2026, ainsi que l’a annoncé, le 7 septembre 2021, le président de la République ? « A ce jour, 3,3 milliards d’euros ont été engagés sur les 5 milliards budgétés, indiquait, le 8 décembre 2021 le gouvernement. Avec notamment « une consommation en forte croissance depuis le début de l’année 2021, soit 1,2 milliard d’euros depuis le mois de mars. »
« Redynamiser les zones rurales »
Outre les villes moyennes, les plus petites villes de moins de 20 000 habitants (qui hébergent près de 40 % de la population française) sont également dans les petits papiers du gouvernement. Illustration avec le lancement du nouveau programme interministériel Petites Villes de Demain, qui s’inscrit dans le prolongement d’Action Cœur de Ville et qui concerne 1 600 petites villes françaises. Soit, nul doute, autant de communes susceptibles d’accueillir une enseigne développée, au départ, en propre mais qui aspire à faire des émules en franchise : Comptoir de Campagne. « A la genèse de notre lancement [le premier magasin du réseau a ouvert en février 2016], il y a ce constat : une ville sur deux en France n’a plus de commerce », relate Virginie Hils, sa fondatrice. Et de pointer les trois virus qui les ont contaminées : l’exode rurale initié il y a plusieurs décennies, la désertion des services publics et, plus récemment, le développement du commerce en ligne. Elle poursuit : « Notre ambition fut alors la suivante : participer à la redynamisation de l’économie locale et des zones rurales en lançant ce concept de commerces multiservices. » Concept qui peut regrouper, sous le même toit, une épicerie, un bistrot, une boulangerie, un service de cordonnerie ou de coiffure, une poste, etc. Et dont l’objet, ainsi que le rappelle Virginie Hils, consiste également à recréer, au sein des territoires, « du lien social. »
« Notre modèle s’inscrit pleinement dans cette tendance émergente du retour des Français dans les territoires, et notamment à la campagne. »
Virginie Hils, fondatrice de Comptoir de Campagne
Comptoir de Campagne : objectif 100 franchisés
Plus de cinq années après le lancement de Comptoir de Campagne (l’enseigne compte 13 points de vente), le succès est au rendez-vous. « Notre modèle s’inscrit pleinement dans cette tendance émergente du retour des Français dans les territoires, et notamment à la campagne, observe sa fondatrice. De plus, nos compatriotes veulent consommer différemment en privilégiant le bio et les circuits courts, soit deux offres qui font partie intégrante de notre concept. » Elle ajoute : « Même la grande distribution s’intéresse de plus en plus à la proximité en développant de nouveaux formats de magasins plus petits. » Et quid des ambitions en franchise du réseau (un investissement de 100 000 euros est à prévoir pour se lancer dans l’aventure) ? « Notre premier magasin en franchise a ouvert en novembre 2021, répond Virginie Hils. Et notre ambition, à terme, est de dépasser la centaine de points de vente implantés sur le territoire. » Elle conclut : « Surtout, notre modèle est parfaitement adapté à la franchise, car le magasin doit être dirigé par une patronne ou un patron indépendant qui l’incarne véritablement. »
Les territoires à l’honneur sur Franchise Expo Paris 2022
Dans le cadre de Franchise Expo Paris 2021 (26-29 septembre), les territoires ont été mis à l’honneur grâce au déploiement, en ses murs, du pôle Ville qui avait regroupé, sous l’impulsion de Carolina Gautron, directrice des ventes de la manifestation, une dizaine d’agglomérations. L’objectif de cette initiative : créer un point de rencontre entre agglomérations, franchiseurs et candidats à la franchise. « Grâce à ce dispositif, se félicite Carolina Gautron, nous avons réussi à toucher une centaine de franchiseurs, sans compter tous les porteurs de projet en franchise, très heureux de pouvoir être accompagnés dans leur recherche. » Elle ajoute : « En mars 2022, pour la prochaine édition de Franchise Expo Paris, nous reconduirons ce dispositif, que nous renforcerons même, en le plaçant au sein de l’allée centrale de la manifestation. »