Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes, pour les ménages comme pour les entreprises, entreprendre avec le soutien d’un réseau représente plus que jamais un choix judicieux, à condition de sécuriser encore davantage votre projet en amont.
Guerre en Ukraine, inflation, hausse des prix de l’énergie… Se lancer en 2023, est-ce vraiment une bonne idée ? Les réseaux de commerçants indépendants, qui avaient su faire face aux conséquences de la crise Covid et des restrictions sanitaires, auront-ils les ressources nécessaires pour surmonter les nouveaux défis qui s’annoncent ? Comment entreprendre en réseau dans les mois qui viennent tout en sécurisant son projet au maximum, malgré ce contexte incertain ? Sans langue de bois, voici quelques bonnes raisons de se lancer en 2023 et quelques précautions à prendre pour minimiser le risque inhérent à toute création d’entreprise.
« Ne pas faire seul »
Une première question vient d’abord à l’esprit : ne vaut-il pas mieux reporter son projet à une période plus favorable ? « Non, je ne vois pas de raison de reporter, répond Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise (FFF). Je reste optimiste, je crois que les crises que nous vivons sont des crises conjoncturelles et j’ose espérer qu’à un moment, les hommes « modernes » vont reprendre le pouvoir et arrêter les combats. » A l’appui de son point de vue, la porte-parole des franchiseurs note que « la majorité des réseaux restent optimistes et les entrepreneurs aussi : les développements de nos adhérents sont forts et Franchise Expo 2023 s’annonce comme un très beau salon avec un nombre d’exposants au moins équivalent à 2019, la meilleure édition de ce salon ».
« Même si cela peut sembler contrintuitif, cette période de crise et d’incertitude est le meilleur moment pour se lancer », estime carrément Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA). Qui cite quelques facteurs-clés de réussite : « Une idée novatrice, originale ; beaucoup de volonté et d’engagement et surtout, ne pas faire seul. Or, les groupements d’indépendants concilient justement l’autonomie et l’indépendance avec la solidarité et le soutien : rejoindre un groupement d’indépendants, c’est bénéficier de la force de l’enseigne et du réseau, de son histoire, de son implantation sur le territoire, de la richesse des hommes et des femmes qui le composent et c’est aussi une chance de mutualiser les coûts, d’œuvrer dans une dynamique d’intelligence collective ».
Y aller quand même d’accord, avec le soutien d’un réseau certes, mais encore quelles précautions prendre avant de se lancer ? « Ce sont toujours les mêmes précautions, résume Véronique Discours-Buhot. S’entourer d’un avocat et d’un expert-comptable spécialistes de la franchise, faire sa propre étude de marché. Au moment de choisir votre réseau, allez voir plusieurs enseignes, lisez le Document d’informations précontractuelles (DIP), faites relire le contrat et le DIP par votre avocat, posez toutes vos questions aux franchiseurs mais aussi aux franchisés, demandez à aller en immersion chez un franchisé… » « L’avantage de la franchise, c’est que vous ne partez pas dans l’inconnu, souligne la déléguée générale de la FFF. Vous partez sur un concept éprouvé, du connu, donc profitez-en pour poser vos questions : quand on crée une entreprise en solo, la plupart du temps on ne peut pas, car personne ne l’a fait avant. Là, vous avez toute possibilité de prendre la température et de vous faire une idée de votre vie d’entrepreneur dans votre futur réseau. »
De son côté, Olivier Urrutia conseille de prendre « les précautions d’usage quand on se lance dans le commerce : très bien réfléchir à son projet, son positionnement, sa valeur ajoutée ; mais aussi à la façon dont on s’entoure et dont on structure son projet. Il faut bien savoir comment on se lance dans l’aventure, car c’est une aventure humaine dans laquelle il ne faut pas être trop seul, mais plutôt bien accompagné : cela constitue une garantie de réussite ». Pour le délégué général de la FCA, les résultats du commerce coopératif et associé pour 2022 (163 Mds€ de chiffre d’affaires, avec une croissance même en période de crise) parlent d’eux-mêmes : ils ont été obtenus « grâce aux atouts tangibles et aux valeurs qui font la force de ce modèle », souligne-t-il.
Plus solides en réseau
On pourrait se dire que ces promoteurs du commerce indépendant organisé manquent d’objectivité dans leur vision de la création d’entreprise, et pourtant… L’Insee lui-même (Institut national de la statistique et des études économiques) en convient (dans une étude parue en août 2022) : « Les entreprises du commerce de détail sont davantage pérennes quand elles sont créées en réseau : 74 % exercent toujours leur activité cinq ans après la création en réseau, contre seulement 58 % hors réseau. » Cela s’explique notamment par le fait que les facteurs favorables à la pérennité (davantage de moyens financiers et humains au démarrage, plus de créateurs anciens dirigeants…) sont davantage présents dans les entreprises créées en réseau. « Une fois pris en compte ces différents facteurs, leurs chances de survie après cinq ans d’existence restent encore 1,2 fois plus élevées, pointe encore l’enquête de l’Insee. Plusieurs facteurs pourraient l’expliquer : la formation et l’accompagnement proposés en réseau, le bénéfice d’une enseigne déjà connue, (…) ou un effet de sélection des créateurs d’entreprises pour être accepté dans le réseau. »
On l’aura compris, sans constituer une assurance tous risques (le risque zéro en matière de création d’entreprise n’existe pas), entreprendre en réseau offre de meilleures chances de réussite dans la durée. La 18ème Enquête de la franchise Banque Populaire (réalisée en partenariat avec la Fédération Française de la Franchise et Kantar) ne dit pas autre chose : « En ces temps chahutés par la crise sanitaire, le modèle de la franchise rassure les futurs entrepreneurs en tout premier lieu grâce à l’accompagnement et aux formations mises à leur disposition au démarrage (principale motivation invoquée par 53 % de ceux qui envisagent la franchise), constate en effet cette étude. Ils y voient également un moyen de limiter le risque financier (42 %) en bénéficiant de la notoriété d’une enseigne (36 %) ». De fait, pointe cette enquête, les nouveaux franchisés bénéficient d’une formation initiale de 30 jours en moyenne à l’ouverture du premier point de vente.
« Un pari gagnant »
Celles et ceux qui ont passé le cap de la création pour rejoindre une enseigne le reconnaissent volontiers : « Bénéficier des conseils du franchiseur, c’est en quelque sorte une prise de risque maîtrisée, explique par exemple Valérie de la Marnierre, franchisée du réseau Dietplus à Marmande, dans le Lot-et-Garonne. Donc si on n’a pas peur de se remettre en question, et je pense que c’est ce qui nous fait avancer, que ce soit dans la vie ou professionnellement ; si on est capable de ne pas tout attendre de la franchise, même si la franchise est très présente ; si on veut se lancer dans la franchise avec toutes ces conditions-là, je pense que c’est un pari gagnant. »
« Je pense qu’il faut se lancer lorsqu’on en a le souhait, estime pour sa part Alexis Mouron, franchisé Cash Express à Châteaudun, en Eure-et Loir. Je pense qu’il faut croire en ses projets, et ne pas hésiter à se lancer, surtout en franchise où, pour le coup, on ne se lance pas sans filet : on a l’expertise d’un réseau, on peut consulter des bilans de magasins implantés sur des zones de chalandise assez similaires, ce qui permet quand même de se lancer avec une certaine sécurité. »
Optimiser ses choix
Enfin, le choix du secteur d’activité est un autre critère déterminant : certains métiers sont en effet plus pertinents que d’autres dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi de prise en compte des questions liées à la protection de l’environnement. « Aujourd’hui, il y a très peu de secteurs d’activité commerciale qui fonctionnent excellemment bien. Mais parmi tous ceux-là, il y en a un qui caracole en tête, c’est le bazar discount, affirme Bernard Lévy, Directeur du développement de l’enseigne Marché aux Affaires. La crise du pouvoir d’achat interroge énormément les consommateurs or, nos magasins présentent l’avantage d’être multi spécialistes, et il y a très peu d’activités commerciales qui offrent l’opportunité de pouvoir proposer toutes ces marchandises, dans l’air du temps, pour un investissement, somme toute, assez limité. »
Le secteur des produits d’occasion est lui aussi dans l’air du temps, rappelle Alexis Macé, Responsable communication du Groupe Happy Cash : « Aujourd’hui, la seconde main, c’est un marché qui fait beaucoup parler de lui, pour des sujets évidents sur le pouvoir d’achat et sur les enjeux environnementaux. On dit souvent que c’est un marché de demain, un marché d’avenir, ce qui est vrai, mais c’est aussi un marché qui a été lancé en 1980, avec des enseignes comme Troc de l’Ile et La Trocante ». Au-delà de ces deux exemples, rejoindre un marché porteur et, surtout, d’avenir est une autre précaution à prendre pour se lancer en 2023.
Sécuriser son projet : mode d’emploi
Pour entreprendre accompagné avec les meilleures chances de succès, il importe évidemment de bien choisir son réseau. Une enquête approfondie auprès des partenaires déjà installés est une étape indispensable pour éclairer ce choix. Cela peut commencer sur un salon, comme Franchise Expo Paris (du 19 au 23 mars 2023, porte de Versailles).
Autre outil permettant aux créateurs d’entreprise de sécuriser leur projet en amont, les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des membres des réseaux par L’Indicateur de la Franchise : cet organisme indépendant interroge les franchisés sur tous les points importants qu’un candidat à la franchise doit valider avant s’engager (formation, animation, communication, rentabilité…) et récompense les meilleurs réseaux.